§ 10.
S'il est donc vrai comme l'affirment les hébraïsants que la théologie appelle les très divins séraphins ceux qui brûlent et ceux qui chauffent, usant d'un nom qui révèle leur propriété essentielle, c'est donc qu'ils possèdent, selon les règles de l'iconographie symbolique, le pouvoir indéfectible d'exciter les huiles divines à se manifester et à répandre leurs parfums efficaces.
A la Substance dont le parfum dépasse toute intelligence il plaît de se révéler par l'entremise d'intelligences incandescentes et parfaitement purifiées qui l'appellent ainsi, selon un mode qui n'est pas de ce monde, à se manifester elle-même. C'est pourquoi l'ordre le plus divin parmi les essences qui vivent au delà du ciel n'a pas pu ignorer que Jésus très théarchique était descendu parmi nous pour nous sanctifier. Comprenant que, dans sa bonté divine et indicible, Dieu s'était fait homme, le voyant sous sa forme humaine consacré par le Père, par Lui-même et par l'Esprit, il fut clair à son intelligence que le Principe propre des opérations théarchiques n'en conservait pas moins son essentielle immutabilité. Aussi la tradition sacrée, au moment de la consécration des saintes huiles, les couvre-t-elle du symbole séraphique, pour révéler et pour signifier par là que le Christ demeure parfaitement immuable bien qu'il s'incarne tout entier et en toute vérité.
Par un symbolisme plus divin encore, on use en outre de l'huile sainte pour toutes les consécrations liturgiques, montrant ainsi de façon claire que selon la parole de l'Ecriture Celui qui opère toute consécration demeure identique à soi-même à travers toutes les opérations de sa bonté théarchique. C'est pourquoi la très divine consécration de l'huile sainte parfait en nous le don gratuit et sanctifiant de la sainte naissance de Dieu. Ainsi s'explique également, je crois, le rite selon lequel, dans le baptistère sacrificatoire, le grand prêtre répand l'huile sainte par des aspersions en forme de croix, montrant aux yeux qui savent voir que Jésus, par la plus sublime et la plus divine des humiliations, a consenti pour nous déifier à mourir lui-même en croix, arrachant généreusement à l'ancien gouffre de la mort destructrice quiconque, selon la mystérieuse expression de l'Ecriture, a reçu le baptême de sa mort, le faisant renaître en Dieu pour l'Eternité (Rom., VI, 3).