§ 5.
La sainte proclamation par le grand prêtre des ordres et des ordinands signifie mystérieusement que le consécrateur, dans son amour pour Dieu, est l'interprète de l'élection théarchique; que ce n'est point en vertu de sa grâce propre qu'il appelle les ordinands à la consécration sacerdotale; mais que Dieu lui-même le meut en toutes ses ordinations hiérarchiques. C'est ainsi que nous voyons Moïse, le fondateur de la hiérarchie légale, bien qu'Aaron fût son frère et qu'il le sût ami de Dieu et digne du sacerdoce, ne lui conférer cette dignité que lorsque Dieu lui en eut donné l'ordre et qu'il fut licite alors de lui conférer hiérarchiquement la plénitude du sacerdoce au nom du Dieu qui est le principe de tout sacrement (Exode, XXIX, 4). Mais il n'est pas jusqu'au divin fondateur de notre propre hiérarchie (car c'est Jésus qui, dans son amour infini pour nous assume aussi cette fonction) qui n'ait refusé de se glorifier lui-même, comme le dit l'Ecriture, puisque c'est un autre qui lui annonça : « Tu es prêtre à tout jamais selon l'ordre de Melchisédech. (Ps. CIX, 4) » Aussi bien, lorsqu'il conféra l'ordination sacrée à ses disciples, et bien qu'à titre de Dieu il fût lui-même hiérarchiquement le principe de tout sacrement, le vit-on lui aussi rapporter hiérarchique son acte consécratoire à son très saint Père et à l'Esprit théarchique puisqu'il enseigna à ses disciples, selon le témoignage de l'Ecriture : « Ne vous éloignez pas de Jérusalem, mais attendez la promesse du Père que vous avez entendue de ma bouche, et selon laquelle Vous serez baptisés par lEsprit saint (Actes I, 4) ». De même encore le chef des disciples ayant réuni autour de lui dix grands prêtres, ses pairs, pour ordonner au sacerdoce un douzième disciple, il laissa prudemment à la Théarchie le Soin de l'élection, disant: « Révèle- nous qui tu as élu (Actes I, 24) », et c'est celui qu'un sort divin avait divinement désigné qu'il fit entrer à titre de grand prêtre dans le collège des douze. Mais qu'est-ce que ce sort divin divinement tombé sur Matthias? Il existe sur ce sujet de nombreuses exégèses qui sont loin de me satisfaire. Aussi vais-je dire ici ce que j'en pense. Il me semble, en effet, que l'Ecriture entend par sort quelque don théarchique qui vint manifester au collège des grands prêtres celui qu'avait dû- signé l'élection divine, car ce n'est pas de son propre mouvement que le divin grand prêtre doit accomplir les consécrations sacerdotales, mais c'est sous la motion divine qu'il lui faut accomplir ces rites saints de façon hiérarchique et céleste.