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ΠΕΡΙ ΘΕΙΩΝ ΟΝΟΜΑΤΩΝ
2.
Ἐξ αὐτῆς αἱ νοηταὶ καὶ νοεραὶ τῶν ἀγγελικῶν νοῶν δυνάμεις τὰς ἁπλᾶς καὶ μακαρίας ἔχουσι νοήσεις. Οὐκ ἐν μεριστοῖς ἢ ἀπὸ μεριστῶν ἢ αἰσθήσεων ἢ λόγων διεξοδικῶν συνάγουσαι τὴν θείαν γνῶσιν οὐδὲ ὑπό τινος κοινοῦ πρὸς ταῦτα συμπεριεχόμεναι, παντὸς δὲ ὑλικοῦ καὶ πλήθους καθαρεύουσαι νοερῶς, ἀΰλως, ἑνοειδῶς τὰ νοητὰ τῶν θείων νοοῦσιν. Καὶ ἔστιν αὐταῖς ἡ νοερὰ δύναμις καὶ ἐνέργεια τῇ ἀμιγεῖ καὶ ἀχράντῳ καθαρότητι κατηγλαισμένη καὶ συνοπτικὴ τῶν θείων νοήσεων ἀμερείᾳ καὶ ἀϋλίᾳ καὶ τῷ θεοειδῶς ἑνὶ πρὸς τὸν θεῖον καὶ ὑπέρσοφον καὶ νοῦν καὶ λόγον, ὡς ἐφικτόν, ἀποτυπουμένη. Διὰ τὴν θείαν σοφίαν καὶ ψυχαὶ τὸ λογικὸν ἔχουσι διεξοδικῶς μὲν καὶ κύκλῳ περὶ τὴν τῶν ὄντων ἀλήθειαν περιπορευόμεναι καὶ τῷ μεριστῷ καὶ παντοδαπῷ τῆς ποικιλίας ἀπολειπόμεναι τῶν ἑνιαίων νοῶν, τῇ δὲ τῶν πολλῶν εἰς τὸ ἑν συνελίξει καὶ τῶν ἰσαγγέλων νοήσεων, ἐφ᾿ ὅσον ψυχαῖς οἰκεῖον καὶ ἐφικτόν, ἀξιούμεναι. Ἀλλὰ καὶ τὰς αἰσθήσεις αὐτὰς οὐκ ἄν τις ἁμάρτοι σκοποῦ τῆς σοφίας ἀπήχημα φήσας. Καίτοι καὶ ὁ δαιμόνιος νοῦς, ᾗ νοῦς, ἐξ αὐτῆς ἐστι, καθ᾿ ὅσον δὲ νοῦς ἐστιν ἠλογημένος τυχεῖν, οὗ ἐφίεται, μὴ εἰδὼς μήτε βουλόμενος, ἔκπτωσιν σοφίας κυριώτερον αὐτὸν προσρητέον. Ἀλλ᾿ ὅτι μὲν σοφίας αὐτῆς καὶ πάσης καὶ νοῦ παντὸς καὶ λόγου καὶ αἰσθήσεως πάσης ἡ θεία σοφία καὶ ἀρχὴ καὶ αἰτία καὶ ὑποστάτις καὶ τελείωσις καὶ φρουρὰ καὶ πέρας εἴρηται, πῶς δὲ αὐτὸς ὁ θεὸς ὁ ὑπέρσοφος σοφία καὶ νοῦς καὶ λόγος καὶ γνώστης ὑμνεῖται; Πῶς γὰρ νοήσει τι τῶν νοητῶν οὐκ ἔχων νοερὰς ἐνεργείας ἢ πῶς γνώσεται τὰ αἰσθητὰ πάσης αἰσθήσεως ὑπεριδρυμένος; Καίτοι πάντα αὐτὸν εἰδέναι φησὶ τὰ λόγια καὶ οὐδὲν διαφεύγειν τὴν θείαν γνῶσιν. Ἀλλ᾿ ὅπερ ἔφην πολλάκις, τὰ θεῖα θεοπρεπῶς νοητέον. Τὸ γὰρ ἄνουν καὶ ἀναίσθητον καθ᾿ ὑπεροχήν, οὐ κατ᾿ ἔλλειψιν ἐπὶ θεοῦ τακτέον ὥσπερ καὶ τὸ ἄλογον ἀνατίθεμεν τῷ ὑπὲρ λόγον καὶ τὴν ἀτέλειαν τῷ ὑπερτελεῖ καὶ προτελείῳ καὶ τὸν ἀναφῆ καὶ ἀόρατον γνόφον τῷ φωτὶ τῷ ἀπροσίτῳ καθ᾿ ὑπεροχὴν τοῦ ὁρατοῦ φωτός. Ὥστε ὁ θεῖος νοῦς πάντα συνέχει τῇ πάντων ἐξῃρημένῃ γνώσει κατὰ τὴν πάντων αἰτίαν ἐν ἑαυτῷ τὴν πάντων εἴδησιν προειληφώς, πρὶν ἀγγέλους γενέσθαι εἰδὼς καὶ παράγων ἀγγέλους καὶ πάντα τὰ ἄλλα ἔνδοθεν καὶ ἀπ᾿ αὐτῆς, ἵν᾿ οὕτως εἴπω, τῆς ἀρχῆς εἰδὼς καὶ εἰς οὐσίαν ἄγων. Καὶ τοῦτο οἶμαι παραδιδόναι τὸ λόγιον, ὁπόταν φησίν· Ὁ εἰδὼς τὰ πάντα πρὶν γενέσεως αὐτῶν. Οὐ γὰρ ἐκ τῶν ὄντων τὰ ὄντα μανθάνων οἶδεν ὁ θεῖος νοῦς, ἀλλ᾿ ἐξ ἑαυτοῦ καὶ ἐν ἑαυτῷ κατ᾿ αἰτίαν τὴν πάντων εἴδησιν καὶ γνῶσιν καὶ οὐσίαν προέχει καὶ προσυνείληφεν οὐ κατ᾿ ἰδίαν ἑκάστοις ἐπιβάλλων, ἀλλὰ κατὰ μίαν τῆς αἰτίας περιοχὴν τὰ πάντα εἰδὼς καὶ συνέχων ὥσπερ καὶ τὸ φῶς κατ᾿ αἰτίαν ἐν ἑαυτῷ τὴν εἴδησιν τοῦ σκότους προείληφεν οὐκ ἄλλοθεν εἰδὼς τὸ σκότος ἢ ἀπὸ τοῦ φωτός. Ἑαυτὴν οὖν ἡ θεία σοφία γινώσκουσα γνώσεται πάντα ἀΰλως τὰ ὑλικὰ καὶ ἀμερίστως τὰ μεριστὰ καὶ τὰ πολλὰ ἑνιαίως αὐτῷ τῷ ἑνὶ τὰ πάντα καὶ γινώσκουσα καὶ παράγουσα. Καὶ γὰρ εἰ κατὰ μίαν αἰτίαν ὁ θεὸς πᾶσι τοῖς οὖσι τοῦ εἶναι μεταδίδωσι, κατὰ τὴν αὐτὴν ἑνικὴν αἰτίαν εἴσεται πάντα ὡς ἐξ αὐτοῦ ὄντα καὶ ἐν αὐτῷ προϋφεστηκότα καὶ οὐκ ἐκ τῶν ὄντων λήψεται τὴν αὐτῶν γνῶσιν, ἀλλὰ καὶ αὐτοῖς ἑκάστοις τῆς αὑτῶν καὶ ἄλλοις τῆς ἄλλων γνώσεως ἔσται χορηγός. Οὐκ ἄρα ὁ θεὸς ἰδίαν ἔχει τὴν ἑαυτοῦ γνῶσιν, ἑτέραν δὲ τὴν κοινῇ τὰ ὄντα πάντα συλλαμβάνουσαν. Αὐτὴ γὰρ ἑαυτὴν ἡ πάντων αἰτία γινώσκουσα σχολῇ που τὰ ἀφ᾿ αὑτῆς καὶ ὧν ἐστιν αἰτία ἀγνοήσει. Ταύτῃ γοῦν ὁ θεὸς τὰ ὄντα γινώσκει οὐ τῇ ἐπιστήμῃ τῶν ὄντων, ἀλλὰ τῇ ἑαυτοῦ. Καὶ γὰρ καὶ τοὺς ἀγγέλους εἰδέναι φησὶ τὰ λόγια τὰ ἐπὶ τῆς γῆς οὐ κατ᾿ αἰσθήσεις αὐτὰ γινώσκοντας αἰσθητά γε ὄντα, κατ᾿ οἰκείαν δὲ τοῦ θεοειδοῦς νοῦ δύναμιν καὶ φύσιν.
Traduction
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Traité des noms divins
§ 2.
C'est d'elle que les puissances angéliques, intelligibles et intelligentes, reçoivent leurs simples et bienheureuses intellections, car elles ne tirent point leurs divines connaissances d'une analyse d'éléments, de sensations ni de raisons discursives: elles n'usent point non plus d'une subsomption sous des concepts universels. Purifiées de toute matérialité, c'est de façon intellectuelle, immatérielle, unitive, qu'elles saisissent par intuition les intelligibles divins. Potentielle et actuelle, leur intelligence resplendit d'une pureté sans mélange et sans tache. Elle saisit d'un seul regard les intellections divines de façon in divisible et immatérielle, dans l'unité de sa conformité divine, car elle a reçu de la Sagesse divine, autant qu'il était en son pouvoir, l'empreinte de cette Intelligence et de cette Raison divines dont c'est trop peu dire que de les appeler sages.
C'est d'elle aussi que les âmes reçoivent le pouvoir de raisonner; c'est-à-dire d'une part de tourner discursivement et circulairement autour de la vérité même des êtres (et en ce cas, le caractère discursif et plural de leurs argumentations les situe au des sous des intelligences unies); d'autre part de ramener par enveloppement le multiple à l'un (et elles méritent alors de s'égaler aux modes intellectifs des anges, dans la mesure du moins où c'est chose possible et convenable à des âmes). Que les sensations elles-mêmes soient comme des échos de la Sagesse, on peut l'affirmer sans erreur, et il n'est point jusqu'à l'intelligence des démons qui, en tant qu'intelligence, ne lui appartienne également; mais, dans la mesure où il s'agit d'une intelligence qui déraisonne, qui ne sait ni ne veut atteindre le but vers quoi elle tend, il vaut mieux parler ici d'une déchéance de la Sagesse.
Mais puisque la Sagesse divine est, dit-on, principe, cause, substance, achèvement, conservation de la sa gesse en soi, ainsi que de toute sagesse, de toute intelligence et de toute raison, pourquoi célébrons-nous Dieu, lui qui est plus que sage, comme Sagesse, Intelligence, Raison et Connaissance? Lui qui n'a pas d'activité intellectuelle, comment va-t-il comprendre les intelligibles? Lui qui transcende toute sensation, comment connaîtra-t-il les réalités sensibles? L'Ecriture affirme pourtant qu'il sait toutes choses et que rien n'échappe au savoir divin (Jean, III, 20; XXI, 17).
En réalité, comme je l'ai souvent répété, il faut entendre les attributs divins selon un mode qui convienne à Dieu. Quand on parle, de son Inintelligence et de son Insensibilité, il faut entendre cette négation dans un sens transcendant, non dans un sens privatif. C'est ainsi que nous attribuons l'irrationalité à Celui qui est plus que raison, l'inachèvement à Celui qui se situe au delà même de la perfection et qui est antérieur à toute finalité. Nous appelons in saisissable et invisible Ténèbre la Lumière inaccessible, parce qu'elle transcende la lumière qui se voit. A vrai dire, l'intelligence divine contient toutes choses dans une connaissance qui transcende [tout objet connu], car, dans la mesure même où elle est cause universelle, elle contient d'avance en elle la notion de toutes choses, connaissant et produisant les anges avant même qu'il y eût des anges, connaissant toutes les autres réalités du dedans, pour ainsi dire dans leur principe, et leur conférant par là même rang d'essences. C'est là, je crois, ce qu'exprime l'Ecriture lors qu'elle appelle Dieu « Celui qui sait tout avant que rien se produise (Dan., XII, 42) » Ce n'est point, en effet, à partir des êtres que l'intelligence divine connaît les êtres, mais à partir de soi, en soi, à titre de cause, elle possède d'avance et rassemble par anticipation la notion, la connaissance et l'essence de toutes choses; non qu'elle considère chaque objet dans son idée générale, mais parce qu'elle connaît et contient tout dans l'unique extension de sa causalité propre, comme la lumière aussi contient d'avance en soi, en tant que cause, la notion des ténèbres, n'ayant de connaissance des ténèbres qu'à partir de la lumière.
C'est donc en se connaissant soi-même que la divine Sagesse connaît toutes choses, immatériellement les choses matérielles, indivisiblement les choses divisibles, unitairement les choses multiples, car c'est dans un acte unique qu'elle connaît et qu'elle produit tout. S'il est vrai qu'en tant que Cause unique et universelle Dieu confère l'existence à tout être, c'est égale ment en tant que Cause unique qu'il connaîtra tout être comme procédant de lui et préexistant en lui, et ce n'est pas des êtres qu'il partira pour arriver à les connaître puisque c'est précisément lui qui à chacun d'eux octroiera le pouvoir de se connaître soi-même et de connaître les autres.
Dieu n'a donc pas une connaissance propre par quoi il se connaît, et une autre connaissance qui contient ensemble tous les autres êtres; car, en se connaissant soi-même, la Cause universelle ne saurait ignorer d'aucune façon ce qui procède d'elle-même et ce dont elle est cause. Ainsi donc Dieu ne connaît point les êtres en les connaissant, mais en se connaissant. Et, selon l'Ecriture, il n'est pas jusqu'aux anges qui, au lieu de connaître les choses d'ici-bas en percevant le sensible par les sens, ne les saisissent par une puissance naturelle, propre à l'intelligence qui vit en conformité avec Dieu.