V.
Mais je passe ici sous silence la gloire mondaine. Ne voit-on pas aujourd'hui des hommes fouler aux pieds avec un misérable orgueil, et par je ne sais quelle maladie de l'âme, toutes les privations et toutes les cruautés de la lutte? Que d'oisifs une brutale démence pousse au métier de gladiateur! N'est-ce pas la vaine gloire qui les expose à la dent des bêtes féroces? d'autant plus beaux, ce leur semble, qu'ils sont sillonnés de morsures et de cicatrices. Les uns se sont engagés à parcourir un certain espace sous une tunique enflammée, les autres marchent avec une fermeté stoïque sous les coups qui pleuvent sur leurs patientes épaules. Ce n'est pas en vain, bienheureux confesseurs, que Dieu a permis ces exemples dans le monde; c'est pour nous encourager aujourd'hui et nous confondre au dernier jour. Malheur à nous, si nous craignons de souffrir pour la vérité et le salut; les maux que d'autres recherchent pour la vanité et la perdition!
