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Adversus Hermogenem
XXX.
[1] Sic et sequentia coniecturam Hermogenis instruere uidebuntur, Et tenebrae super abyssum et spiritus dei super aquas ferebatur, quasi et hae confusae substantiae massalis illius molis argumenta portendant. Atquin singillatim definiens tenebras abyssum spiritum dei aquas nihil confusum nec in confusione incertum aestimari facit tam diuisa relatio certorum et distinctorum elementorum. Hoc quidem amplius, cum situs proprios eis adscribit, tenebras super abyssum, spiritum super aquas, negauit confusionem substantiarum quarum demonstrando dispositionem demonstrauit etiam distinctionem. [2] Vanissimum denique ut materia, quae informis inducitur, de tot formarum uocabulis informis adseueretur non edito quid sit illud corpus confusionis, quod unicum utique credendum est, si informe est. [3] Uniforme etenim quod informe est, informe autem quod ex uarietate confusum est: unam habeat necesse est speciem quod non habet speciem, dum ex multis unam habet speciem. Ceterum aut habebat in se species istas materia de quarum uocabulis intellegenda[s] esse
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Contre Hermogène
XXX.
Mais le texte suivant fortifiera sans doute les conjectures d'Hermogène: « Et les ténèbres couvraient la face de l'abîme, et l'Esprit de Dieu reposait sur les eaux, » comme si le mélange de ces substances lui donnait gain de cause en faveur d'un chaos universel. Loin de là. En nommant les uns après les autres « les ténèbres, l'abîme, l'Esprit de Dieu, les eaux,» une exposition si diverse d'éléments distincts et certains ne laisse rien à la confusion ni à l'incertitude. La preuve va devenir encore plus manifeste; leur assigner à chacun leurs limites, « les ténèbres sur l'abîme, l'Esprit sur les eaux, » c'était mer la confusion des substances, puisque l'écrivain sacré en établissait la distinction en nous montrant la disposition de chacune.
Enfin, il est absurde que cette même Matière, qui nous est représentée comme informe, soit reconnue telle par la dénomination de tant de formes différentes, sans que l'on nous ait appris quel est ce corps confus, qu'il faut croire unique par conséquent; car ce qui est informe est uniforme. Mais un corps informe, réunion confuse d'éléments divers, ne devra nécessairement avoir qu'un seul aspect, parce que ce n'est point en avoir, que d'en avoir un seul par le mélange de nombreux éléments. D'ailleurs, point de milieu! ou la Matière avait en elle-même ces espèces différentes qui servaient à la désigner, je veux dire les ténèbres, l'abîme, l'Esprit et les eaux, ou elle ne les avait point. Si elle les avait, comment nous la donner comme dépourvue de formes? Si elle ne les avait pas, comment la reconnaître?