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Adversus Hermogenem
XXXVI.
[1] Sed ecce contrarium subicit ---- aut alia fortasse ratio ei occurrit ---- ex parte corporalem renuntians materiam et ex parte incorporalem. Iam ergo ne neutrum sit, utrumque materia censenda est? Erit enim corporalis et incorporalis aduersus renuntiationem rectae rationis illius plane rationem non reddentis sententiae suae, sicut nec alia reddit. [2] Corporale[m] enim materiae uult esse de quo corpor edantur, incorporale uero inconditum motum eius. 'Si enim', ait, 'corpus tantummodo esse, Hermogenes, quam ratiocinaris, pictor te bardior non est. Qui enim tibi concedit motum in secundam partem substantiae deputare[t], cum substantiua res non sit, quia nec corporalis, sed accidens, si forte, substantiae et corpori, ut actus et pulsus, ut lapsus et casus, ita et motus? [4] Nam si ue
Übersetzung
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Contre Hermogène
XXXVI.
Voilà toutefois qu'il se contredit, ou bien peut-être je ne sais quelle autre raison se présente à lui, en lui annonçant que la Matière est moitié corporelle et moitié incorporelle. Quoi donc? Faudra-t-il que la Matière soit l'un et l'autre à la fois, de peur de n'être ni l'un ni l'autre? Elle sera corporelle et incorporelle, malgré la déclaration de cette droite raison qui ne rend pas certainement raison de sa pensée, pas plus qu'elle n'explique autre chose. Il veut donc que la partie corporelle de la Matière serve à la formation des corps; sa partie incorporelle, ce sera son mouvement désordonné. Si en effet, dit-il, elle n'était que corps, on ne découvrirait en elle rien d'incorporel, c'est-à-dire le mouvement. Si, au contraire, elle eût été complètement incorporelle, il n'en sortirait aucun corps. Oh! la droite raison que celle-là! A moins toutefois, ô Hermogène, que si tu tires des lignes aussi droites que ta raison, il n'y ait pas de peintre plus stupide que toi. Qui donc te permet de regarder le mouvement comme la moitié de la substance, puisque loin d'être quelque chose de substantiel, par la même qu'il n'est pas corporel, il n'est qu'un accident de la substance ou du corps, tel que l'action, l'impulsion, le glissement, la chute: voilà le mouvement. Qu'un corps se meuve par lui-même, son acte est un mouvement, mais non pas assurément une partie intégrante de sa substance, de même que tu fais du mouvement la substance incorporelle de la Matière. En un mot, tous les êtres se meuvent ou par eux-mêmes, comme ceux qui sont animés, ou par d'autres, comme ceux qui sont inanimés. Toutefois, je n'appellerai ni l'homme, ni la pierre, des êtres corporels et incorporels, parce qu'ils ont un corps et le mouvement, mais plutôt à cause de la forme de leur corporéité, la même pour tous, et qui constitue la substance. S'il y a en eux des choses incorporelles, des actes, des affections, des devoirs, des passions, nous ne les regardons pas comme des portions intégrantes d'eux-mêmes. A quel propos donc Hermogène transforme-t-il en portion de la Matière le mouvement, qui n'appartient pas à la substance, mais à la manière d'être de la substance? Quoi donc? S'il t'avait plu d'introduire une Matière immobile, l'immobilité serait-elle la seconde moitié d'elle-même? Il en va ainsi du mouvement. Mais nous en parlerons encore ailleurs.