Edition
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Adversus Hermogenem
XLV.
[1] At enim prophetae et apostoli non ita tradunt mundum a deo factum apparente solummodo et adpropinquante materiae, quia nec materiam ullam nominauerunt, sed primo sophiam conditam, initi[ar]um uiarum in opera[m] ipsius, dehinc et sermonem prolatum per quem omnia facta sunt et sine quo factum est nihil; denique sermone eius caeli confirmati sunt et spiritu ipsius uniuersae uirtutes eorum. Hic est dei dextra et manus ambae per quas operatus est atque molitus est ---- opera enim manuum tuarum, inquit, caeli ----, per quas et mensus est caelum et palmo terram. [2] Noli ita deo adulari, ut uelis illum solo uisu et solo accessu tot ac tantas substantias protulisse et non propriis uiribus institisse. Sic enim et Hieremias commendat: Deus faciens terram in ualentia sua, parans orbem in intellegentia sua, et suo sensu extendit caelos. Haec sunt uires eius quibus enixus totum hoc condidit. Maior est gloria eius, si laborauit; denique septima die requieuit ab operibus, utrumque suo more. Aut si appre
Übersetzung
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Contre Hermogène
XLV.
Mais les prophètes et les apôtres ne nous ont point transmis que Dieu ait créé le monde, seulement en apparaissant à la Matière et en s'approchant d'elle, puisqu'ils ne font pas même mention d'une Matière, quelle qu'elle soit. Ils nous parlent d'abord de la création de la Sagesse, « qui est le commencement de ses voies avant de procéder à ses œuvres. » Puis vient le Verbe « par qui tout a été fait et sans qui rien n'a été fait. » Enfin «les cieux sont créés par son Verbe et l'armée des cieux par son souffle. » Voilà la main droite de Dieu; voilà les deux mains par lesquelles il a opéré ce qu'il a fait. « Les cieux sont l'ouvrage de vos mains, est-il dit; par elles vous avez mesuré la terre; par elles vous avez étendu le ciel. » Que Dieu ait produit des substances si nombreuses et si considérables par un simple regard ou par l'acte même de son approche, et non par une vertu qui lui soit propre, ne va point le flatter jusque-là. J'ai pour moi l'autorité de Jérémie: « C'est lui qui a fait la terre par sa puissance, lui qui a affermi l'univers par sa sagesse, et qui, dans sa prudence, a étendu les cieux. » Telles sont les forces avec lesquelles il engendra tout cet univers. Sa gloire en devient plus grande, s'il lui coûta quelque effort. Enfin « le septième jour, il se reposa de son œuvre. » Travail et repos d'un Dieu toutefois!
Ou bien si c'est par un acte de son regard ou de son approche, que Dieu créa le monde, en cessant de créer a-t-il cessé également d'apparaître et de s'approcher? Loin de là! Dieu n'a fait qu'apparaître davantage à la Matière, et il la presse de toutes parts depuis que le monde est créé. Tu vois donc comment l'univers est formé par l'opération de Dieu, « puissance qui crée la terre, intelligence qui affermit l'univers, prudence qui étend les cieux;» il ne se contente pas d'une simple apparition ou d'une approche; il y emploie les forces de son ame, telles que la sagesse, la puissance, la prudence, le verbe, le souffle, la vertu, qui ne lui auraient pas été nécessaires s'il ne lui avait fallu qu'un regard ou qu'une approche. Voilà « quelles sont ses perfections invisibles dont parle l'apôtre, et qui sont devenues visibles par ses œuvres depuis la création du monde;» ainsi sagesse de Dieu, mais non chimériques attributs de la Matière. « Qui, en effet, a jamais connu la sagesse de Dieu. » Voilà pourquoi l'Apôtre s'écrie: « O profondeur des trésors de la sagesse et de la science de Dieu! que ses jugements sont incompréhensibles et ses voies impénétrables! » Que signifient ces mots, sinon qu'il a créé toutes choses de rien, puisqu'elles ne pouvaient être comprises et découvertes que par Dieu, d'ailleurs bien faciles à découvrir, si elles sont nées de la Matière? Je conclus; plus il est certain qu'il n'existait aucune Matière, et qu'elle ne comporte pas les qualités que lu lui attribues, plus il est prouvé que Dieu a créé toutes choses de rien. Disons-le toutefois. Hermogène en donnant à la Matière la même essence qu'à lui-même, c'est-à-dire, désordonnée, confuse, tumultueuse, emportée par un mouvement équivoque, agité, brûlant, s'est représenté lui-même dans cet échantillon de son art.