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Contre Hermogène

XXXVI.

Voilà toutefois qu'il se contredit, ou bien peut-être je ne sais quelle autre raison se présente à lui, en lui annonçant que la Matière est moitié corporelle et moitié incorporelle. Quoi donc? Faudra-t-il que la Matière soit l'un et l'autre à la fois, de peur de n'être ni l'un ni l'autre? Elle sera corporelle et incorporelle, malgré la déclaration de cette droite raison qui ne rend pas certainement raison de sa pensée, pas plus qu'elle n'explique autre chose. Il veut donc que la partie corporelle de la Matière serve à la formation des corps; sa partie incorporelle, ce sera son mouvement désordonné. Si en effet, dit-il, elle n'était que corps, on ne découvrirait en elle rien d'incorporel, c'est-à-dire le mouvement. Si, au contraire, elle eût été complètement incorporelle, il n'en sortirait aucun corps. Oh! la droite raison que celle-là! A moins toutefois, ô Hermogène, que si tu tires des lignes aussi droites que ta raison, il n'y ait pas de peintre plus stupide que toi. Qui donc te permet de regarder le mouvement comme la moitié de la substance, puisque loin d'être quelque chose de substantiel, par la même qu'il n'est pas corporel, il n'est qu'un accident de la substance ou du corps, tel que l'action, l'impulsion, le glissement, la chute: voilà le mouvement. Qu'un corps se meuve par lui-même, son acte est un mouvement, mais non pas assurément une partie intégrante de sa substance, de même que tu fais du mouvement la substance incorporelle de la Matière. En un mot, tous les êtres se meuvent ou par eux-mêmes, comme ceux qui sont animés, ou par d'autres, comme ceux qui sont inanimés. Toutefois, je n'appellerai ni l'homme, ni la pierre, des êtres corporels et incorporels, parce qu'ils ont un corps et le mouvement, mais plutôt à cause de la forme de leur corporéité, la même pour tous, et qui constitue la substance. S'il y a en eux des choses incorporelles, des actes, des affections, des devoirs, des passions, nous ne les regardons pas comme des portions intégrantes d'eux-mêmes. A quel propos donc Hermogène transforme-t-il en portion de la Matière le mouvement, qui n'appartient pas à la substance, mais à la manière d'être de la substance? Quoi donc? S'il t'avait plu d'introduire une Matière immobile, l'immobilité serait-elle la seconde moitié d'elle-même? Il en va ainsi du mouvement. Mais nous en parlerons encore ailleurs.

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Against Hermogenes

Chapter XXXVI.--Other Absurd Theories Respecting Matter and Its Incidents Exposed in an Ironical Strain. Motion in Matter. Hermogenes' Conceits Respecting It.

But see what a contradiction he next advances ¹ (or perhaps some other reason ² occurs to him), when he declares that Matter partly corporeal and partly incorporeal. Then must Matter be considered (to embrace) both conditions, in order that it may not have either? For it will be corporeal, and incorporeal in spite of ³ the declaration of that antithesis, ⁴ which is plainly above giving any reason for its opinion, just as that "other reason" also was. Now, by the corporeal part of Matter, he means that of which bodies are created; but by the incorporeal part of Matter, he means its uncreated ⁵ motion. If, says he, Matter were simply a body, there would appear to be in it nothing incorporeal, that is, (no) motion; if, on the other hand, it had been wholly incorporeal no body could be formed out of it. What a peculiarly right ⁶ reason have we here! Only if you make your sketches as right as you make your reason, Hermogenes, no painter would be more stupid ⁷ than yourself. For who is going to allow you to reckon motion as a moiety of Matter, seeing that it is not a substantial thing, because it is not corporeal, but an accident (if indeed it be even that) of a substance and a body? Just as action ⁸ is, and impulsion, just as a slip is, or a fall, so is motion. When anything moves even of itself, its motion is the result of impulse; ⁹ but certainly it is no part of its substance in your sense, ¹⁰ when you make motion the incorporeal part of matter. All things, indeed, ¹¹ have motion--either of themselves as animals, or of others as inanimate things; but yet we should not say that either a man or a stone was both corporeal and incorporeal because they had both a body and motion: we should say rather that all things have one form of simple ¹² corporeality, which is the essential quality ¹³ of substance. If any incorporeal incidents accrue to them, as actions, or passions, or functions, ¹⁴ or desires, we do not reckon these parts as of the things. How then does he contrive to assign an integral portion of Matter to motion, which does not pertain to substance, but to a certain condition ¹⁵ of substance? Is not this incontrovertible? ¹⁶ Suppose you had taken it into your head ¹⁷ to represent matter as immoveable, would then the immobility seem to you to be a moiety of its form? Certainly not. Neither, in like manner, could motion. But I shall be at liberty to speak of motion elsewhere. ¹⁸