XVIII. Nouvelle digression d'exégèse typologique.
L'assemblée du peuple, nous l'avons, la faveur du Seigneur notre Dieu, nous la reconnaissons, elle qu'obtint l'inter-cesseur en notre faveur dans sa passion. Je pense que nous ne pouvons pas non plus ne pas connaître ce feu alors que nous avons lu que le Seigneur Jésus baptise dans l'Esprit-Saint et le feu, comme Jean l'a dit dans l'Évangile . C'est à juste titre que le sacrifice était consumé puisqu'il était sacrifié pour le péché. Quant à ce feu, il fut la figure de l'Esprit-Saint qui devait descendre après l'Ascension du Seigneur et remettre les péchés de tous, lui qui, à la manière du feu, enflamme l'âme et l'esprit du fidèle. C'est pourquoi Jérémie dit après avoir reçu l'Esprit : « Et ce fut dans mon coeur comme un feu ardent qui portait la flamme dans mes os, et je fus disloqué de partout et je ne puis le supporter ». Mais aussi dans les Actes des Apôtres nous lisons que, lorsque l'Esprit fut tombé sur les apôtres et sur beaucoup qui attendaient les promesses du Seigneur, des langues furent dispersées comme du feu. Finalement, l'âme de chacun était échauffée à ce point que l'on croyait gorgés de vin, ceux qui avaient reçu le don de parler diverses langues .
Que signifie donc le fait que le feu devint de l'eau et que l'eau alluma du feu, si ce n'est que la grâce de l'Esprit brûle par le feu et purifie par l'eau nos péchés ? Le péché est lavé en effet et brûlé. C'est pourquoi aussi l'apôtre dit : « Ce qu'est l'oeuvre de chacun, le feu l'éprouvera » et ensuite : « Si l'oeuvre d'aucun brûle, il en subira la perte ; quant à lui, il sera sauvé, toutefois comme à travers le feu ».
Or nous avons établi cela à cette fin de prouver que les péchés sont brûlés par le feu. Il est donc acquis que ce feu est vraiment un feu sacré qui descendit alors sur le sacrifice, en figure de la rémission à venir des péchés.
Ainsi donc ce feu est caché au temps de la captivité, où règne la faute, mais au temps de la liberté il est produit au grand jour. Et bien que changé dans l'apparence de l'eau, il conserve cependant la nature du feu pour consumer le sacrifice. Et ne t'étonne pas en lisant que Dieu le Père a dit : « Je suis un feu qui consume » et ailleurs : « Ils m'ont abandonné, moi la source d'eau vive ». Lui aussi le Seigneur Jésus, comme un feu, enflamme les coeurs de ceux qui l'écoutent, et comme une source, les rafraîchit ; de fait, lui-même dans son Evangile dit qu'il est venu à cette fin d'apporter le feu sur la terre et de servir un breuvage d'eau vive à ceux qui ont soif.
Au temps d'Elie aussi, le feu descendit lorsqu'il défia les prophètes des païens, d'embraser l'autel sans y porter le feu. Après que ceux-ci n'avaient pu le faire, lui-même arrosa d'eau sa victime par trois fois, l'eau se répandait à l'entoure de l'autel, il éleva la voix, le feu du Seigneur tomba du ciel et consuma l'holocauste .
Tu es cette victime. Examine en silence chaque élément : c'est sur toi que descend la chaleur de l'Esprit-Saint, c'est toi qu'elle paraît brûler en consumant tes péchés. Car le sacrifice qui fut consumé au temps de Moïse, était un sacrifice pour le péché . C'est pourquoi Moïse dit, comme il est écrit dans le livre des Maccha-bées : pour la raison que ne fut pas mangé ce qui était sacrifice pour le péché, cela fut consumé. Lorsque dans le sacrement de baptême l'homme extérieur tout entier périt, ne te semble-t-il pas qu'il est consumé ? Notre vieil homme a été fixé à la croix , crie l'apôtre. Ici, comme te l'enseignent les préfigurations que sont les pères, l'Egyp-tien est englouti, mais l'Hébreu se relève, renouvelé par le Saint-Esprit, peuple hébreu qui a passé à pied, sans encombre, même à travers la mer Rouge où les pères furent baptisés sous la nuée et dans la mer.
Dans le déluge aussi, au temps de Noé, toute chair mourut ; le juste cependant fut sauvé avec sa descendan-ce. L'homme n'est-il pas consumé lorsque l'être mortel est détaché de la vie ? Car l'homme extérieur se corrompt, mais l'homme intérieur se renouvelle. Et ce n'est pas seulement dans le baptême, mais encore dans la pénitence que s'accomplit la perte de la chair au profit de l'esprit, comme nous l'enseigne l'autorité apostolique par ces mots de saint Paul : « J'ai jugé comme si j'étais présent celui qui a agi ainsi, décidant de livrer ce genre d'homme à Satan pour la perte de sa chair, afin que l'esprit soit sauvé au jour de Notre Seigneur Jésus Christ.
Nous avons fait, semble-t-il, une bien longue digression pour admirer le mystère, en nous appliquant à découvrir plus pleinement l'enseignement révélé : celui-ci est plein de beauté morale jusqu'à ce point qu'il est plein de sens religieux.