Edition
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Adversus Valentinianos
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[1] namque Enthymesis sive iam Achamoth, quod abhinc scripta hoc solo ininterpretabili nomine, ut cum vitio individuae passionis explosa est in loca luminis aliena, quod Pleromatis res est, in vacuum atque inane illud Epicuri, miserabilis etiam de loco est. certe nec forma nec facies ulla, defectiva scilicet et abortiva genitura. dum ita rerum habet, flectitur a superioribus Christus, deducitur per Horon aborsum ut illud informet de suis viribus solius substantiae, non etiam scientiae, forma. [2] et tamen cum aliquo peculio relinquitur, id erat odor incorruptibilitatis quo compos se casus sui potiorum desiderio suppararetur. hac misericordia functus non sine Spiritus Sancti societate recurrit Christus in Pleroma. usus est rerum ex liberalitatibus quoque nomina accedere: Enthymesis de actu fuit, Achamoth unde adhuc quaeritur, Sophia de matre manat, Spiritus Sanctus ex angelo. [3] accipit Christi a quo derelictam se statim senserat desiderium. itaque prosiluit et ipsa lumen eius inquirere. quem si omnino non noverat ut invisibiliter operatum quomodo lumen eius ignotum cum ipso requirebat? tamen temptavit et fortasse adprehendisset si non idem Horos qui matri eius tam prospere venerat nunc tam importune filiae occurrisset ut etiam inclamaverit in eam “Iao” — quasi “porro quirites” aut “fidem Caesaris.” [4] inde invenitur “Iao” in scripturis. ita depulsa quominus pergeret nec habens supervolare Crucem, id est Horon, quia nullum Catulli Laureolum fuerit exercitata, ut destituta ut passioni illi suae intricata multiplici atque perplexae, omni genere eius coepit adfligi: maerore quod non perpetrasset inceptum, metu ne sicut luce ita et vita orbaretur, tum ignorantia. nec ut mater eius, illa enim Aeon, at haec pro conditione deterius insurgente adhuc et alio fluctu, conversionis scilicet in Christum a quo vivificata fuerat et in hanc ipsam conversionem temperata.
Übersetzung
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Contre les Valentiniens
XIV.
Enthymésis, en effet, ou bien Achamoth, selon le nom qui lui est donné et dont l'interprétation est obscure, après avoir été confiné avec la Passion, sa compagne inséparable, dans les lieux étrangers à la lumière, qui sont le domaine du Plérôme et rappellent le vide d'Epicure, Enthymésis souffre par le lieu même où elle est reléguée. Toujours est-il qu'elle n'a ni forme, ni apparence, procréation défectueuse et avortée. Pendant qu'il en est ainsi, le Christ, fléchi par les Eons supérieurs, est conduit sur la terre par Horus, pour compléter par sa propre vertu celte production incomplète, toutefois en lui donnant la forme de la substance uniquement, mais non celle de la science. Il lui en arriva quelque émanation cependant; car elle garda un parfum d'incorruptibilité par lequel, avertie de son infortune, elle aspire à des dons plus excellents. Le Christ, après avoir rempli cette mission de miséricorde dans la société de l'Esprit saint, rentre dans le Plérôme. L'usage applique aux choses des noms qui rappellent le donateur. Enthymésis a pour origine le désir lui-même. D'où vient Achamoth? on le cherche encore. Sophia émane du Père, l'Esprit saint de l'ange qui était dans le Christ, et loin duquel Enthymésis abandonnée avait éprouvé le désir. Aussi s'élança-t-elle à la recherche de sa lumière. Si elle ne le connaissait nullement, puisque son opération avait été invisible, comment recherchait-elle une lumière qui lui était aussi inconnue que son auteur? Elle l'essaya toutefois; peut-être même eût-elle réussi à la découvrir, si ce même Horus, qui s'était si heureusement présenté à la mère, ne se fût jeté si malencontreusement à la traverse de la fille, en lui criant, Iao, comme qui dirait: « Arrière, Romains1! ou bien: J'en jure par César. » De là cet Iao que l'on trouve dans les Ecritures. Ainsi arrêtée dans ses investigations et ne pouvant atteindre jusqu'à la Croix, c'est-à-dire jusqu'à Horus, parce qu'elle n'avait jamais joué le Lauréolus de Catulle2, et livrée enfin à la Passion, sa compagne, elle commença d'en ressentir toutes les perplexités et les aiguillons; le chagrin, parce qu'elle avait échoué dans son entreprise; la crainte, de peur que la vie ne lui échappât comme lui avait échappé la lumière; puis la consternation; puis encore l'ignorance. Il n'en était pas d'elle comme de sa mère. Celle-ci était un Eon; mais sa condition à elle rendait son sort encore plus déplorable, puisqu'elle avait à lutter contre une autre sollicitude, je veux dire sa conversion au Christ, par lequel elle avait été appelée à la vie et formée pour cette conversion elle-même.
Porro, quirites! C'était le cri des porteurs romains, pour se faire place dans les rues. ↩
Le Lauréolus était une tragi-comédie de Catulle, dans laquelle un juge, appelé Lauréolus, était mis en croix. Tertullien veut dire qu'Enthymésis n'avait pas l'habileté du comédien qui jouait ce rôle, puisque souvent attaché au gibet, ce dernier avait toujours survécu à son supplice. ↩