Edition
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Adversus Valentinianos
7
[1] primus omnium Ennius poeta Romanus “caenacula maxima caeli” simpliciter pronuntiavit elati situs nomine vel quia Iovem illic epulantem legerat apud Homerum. sed haeretici quantas supernitates supernitatum et quantas sublimitates sublimitatum in habitaculum dei sui cuiusque suspenderint extulerint expanderint, mirum est. [2] etiam creatori nostro Enniana caenacula in aedicularum disposita sint forma, aliis atque aliis pergulis superstructis et unicuique deo per totidem scalas distributis, quot haereses fuerint. meritorium factus est mundus. [3] Insulam Feliculam credas tanta tabulata caelorum nescio ubi. illic etiam Valentinianorum deus ad summas tegulas habitat. hunc substantaliter quidem αιωνα τελειον appellant; personaliter vero προπάτορα et προαρχήν etiam Bython — quod in sublimibus habitanti minime congruebat. innatum immensum infinitum invisibilem aeternumque definiunt, quasi statim probent esse si talem definiant qualem scimus esse debere. sic et ante omnia fuisse dicatur. [4] sed ut sit expostulo nec aliud magis in hiuismodi denoto quam quod post omnia inveniuntur qui ante omnia fuisse dicuntur, et quidem non sua. sit itaque Bythos iste infinitis retro aevis in maxima et altissima quiete, in otio plurimo placidae et — ut ita dixerim — stupentis divinitatis, qualem iussit Epicurus. [5] et tamen quem solum volunt, dant ei secundam in ipso et cum ipso personam, Ennonian, quam et Charin et Sigen insuper nominant. et forte accedunt in illa commendatissima quiete movere eum de proferendo tandem initio rerum a semetipso. hoc vice seminis in Sige sua velunt in genitablibus vulvae locis collocat. suscipit illa statim et praegnans efficitur et parit (utique silentio) Sige. et quem parit? Nus est simillimum Patri et parem per omnia. [6] denique solus hic capere sufficit immensam illam et incomprehensibilem magnitudinem Patris. ita et ipse Pater dicitur et initium omnium et proprie Monogenes; atquin non proprie siquidem non solus agnoscitur. nam cum illo processit et femina cui Veritas nomen. Monogenes quia prior genitus quanto congruentius Protogenes vocaretur. ergo Bythos et Sige, Nus et Veritas prima quadriga defenditur Valentinianae factionis, matrix et origo cunctorum. namque ibidem Nus simul accepit prolationis suae officium, emittit et ipse ex semetipso Sermonem et Vitam — [7] quae si retro non erat, utique nec in Bytho; et quale est ut in deo vita non fuerit! sed et haec suboles, ad initium universitatis et formati Pleromatis totius emissa, facit fructum: Hominem et Ecclesiam procreat. [8] habes ogdoadem, tetradem duplicem ex coniugationibus masculorum et feminarum, cellas ut ita dixerim primordialium Aeonum, fraterna conubia Valentinianorum, deorum, census omnis sanctitatis et maiestatis haereticae, nescio criminum an numinum turbam, certe fontem reliquae fecunditatis.
Übersetzung
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Contre les Valentiniens
VII.
Le poète romain Ennius s'était contenté de dire le premier de tous que « les cénacles du ciel étaient immenses, » soit à cause de la grandeur du lieu, soit qu'il eût lu dans Homère les festins que Jupiter y donnait. Mais c'est chose merveilleuse de voir combien d'élévations sur élévations, de sublimités sur sublimités les hérétiques ont suspendues, entassées, étendues pour former l'habitation de chacun de leur dieu. Ces cénacles, qu'Ennius donne à notre Créateur, ont été disposés dans la forme de petits appartements, surmontés de balcons d'étage en étage, et distribués à chaque dieu par autant d'escaliers qu'il y a eu d'hérésies. Le monde est devenu un véritable comptoir. Vous diriez l'île fortunée, à voir ces mille et mille degrés du ciel. Où sont-ils? Je l'ignore. C'est là qu'habile le dieu des Valentiniens, tout-à-fait sous les tuiles. Considéré dans sa substance, ils l'appellent l'Eon parfait, dans sa personne, Proarchê, Archê, ou Bythos, mot qui ne convenait nullement à qui habile dans les hauteurs. Ils le proclament sans commencement, immense, infini, invisible, éternel, comme si le définir tel que nous savons qu'il doit être, c'était prouver qu'il l'est véritablement, pour avoir droit de dire que tel il a été et qu'il a précédé toutes choses. Mais je le somme de me prouver son existence: et ici je remarque surtout que ces dieux, qu'on me présente comme antérieurs à toutes choses, arrivent après toutes choses, et encore après des choses qui ne sont pas à eux. Eh bien! d'accord! Ce Bythos a sommeillé autrefois, pendant une infinité de siècles, dans le calme et le repos inaltérable d'une pacifique, ou pour mieux dire, d'une stupide divinité, tel enfin que le lui ordonna Epicure. Et cependant à ce Dieu qu'ils nous représentent, comme unique, ils lui donnent, dans lui-même et avec lui-même une seconde personne qu'ils nomment Charis ou Sigê. Autre inconséquence. Ils l'arrachent à ces bienheureux loisirs pour qu'il ait à tirer de lui-même le principe de toutes choses. Ce principe, il le dépose dans le sein de sa Sigê, qui le recueille et conçoit. Voilà donc Sigê qui enfante clandestinement. Celui qu'elle enfante s'appelle Noûs, exactement semblable à son père, égal à lui en toutes choses. En un mot, seul il suffit à contenir cette immense et incompréhensible grandeur du père. Aussi est-il nommé Père, commencement de toutes choses, et, à proprement parler, Monogène, ou plutôt terme sans propriété, puisqu'il n'est pas fils unique. En effet, une femme naît après lui. Elle s'appelle Vérité. Le nom de Protogène ne conviendrait-il pas beaucoup mieux à ce Monogène, puisqu'il est venu au monde le premier? Bythos et Sigê, Noûs et Vérité, premier quadrige auquel s'attèle la secte de Valentin, sont donc le principe et l'origine de tous les autres. Car ce même Noûs, aussitôt qu'il eut reçu la faculté d'engendrer, produit le Verbe et la Vie, qui, si elle n'existait pas auparavant, n'existait pas non plus par conséquent dans Bythos. Mais comment supposer que la vie n'était pas dans Dieu! Ce couple nouveau, mis au monde pour commencer l'universalité et le Plérôme parfait, engendre à son tour: il procrée l'Homme et l'Eglise. Tu as l'Ogdoade, double Tétrade, par l'accouplement des mâles et des femelles, grenier des Eons primordiaux, pour ainsi dire, hymens fraternels des dieux Valentiniens, origine de toute la sainteté et de toute la majesté de cette hérésie, multitude de crimes ou de dieux, je l'ignore; mais à coup sûr, principe de toute la fécondité ultérieure.