Edition
ausblenden
De Anima
XLI. DE MALO ET BONO ANIMAE.
[1] Malum igitur animae, praeter quod ex obuentu spiritus nequam superstruitur, ex originis uitio antecedit, naturale quodammodo. Nam, ut diximus, naturae corruptio alia natura est, habens suum deum et patrem, ipsum scilicet corruptionis auctorem, ut tamen insit et bonum animae, illud principale, illud diuinum atque germanum et proprie naturale. [2] Quod enim a deo est, non tam extinguitur quam obumbratur. Potest enim obumbrari, quia non est deus, extingui non potest, quia a deo est. Itaque sicut lumen aliquo obstaculo impeditum manet, sed non comparet, si tanta densitas obstaculi fuerit, ita et bonum in anima a malo oppressum pro qualitate eius aut in totum uacat occulta salute aut qua datur radiat inuenta libertate. [3] Sic pessimi et optimi quidam, et nihilominus unum omnes animae genus; sic et in pessimis aliquid boni et in optimis nonnihil pessimi. Solus enim deus sine peccato et solus homo sine peccato Christus, quia et deus Christus. Sic et diuinitas animae in praesagia erumpit ex bono priore et conscientia dei in testimonium prodit: 'deus bonus' et 'deus uidet' et 'deo commendo'. Propterea nulla anima sine crimine, quia nulla sine boni semine. [4] Proinde cum ad fidem peruenit reformata per secundam natiuitatem ex aqua et superna uirtute, detracto corruptionis pristinae aulaeo totam lucem suam conspicit. Excipitur etiam a spiritu sancto, sicut in pristina natiuitate a spiritu profano. Sequitur animam nubentem spiritui caro, ut dotale mancipium, et iam non animae famula, sed spiritus. O beatum conubium, si non admiserit adulterium!
Übersetzung
ausblenden
De l'âme
XLI.
Ainsi le mal de l'âme, outre celui qui est semé après coup par l'arrivée de l'esprit malfaisant, a sa source antérieure dans une corruption originelle, en quelque façon inhérente à la nature. Car, ainsi que nous l'avons dit, la corruption de la nature est comme une autre nature, ayant son dieu et son père, à savoir l'auteur de la corruption lui-même, de telle sorte néanmoins qu'il n'exclue pas le bien de l'âme, suréminent, divin et pur, le bien proprement inhérent à sa nature. En effet, ce qui vient de Dieu, s'éteint moins qu'il ne se voile. Il peut être voilé, parce qu'il n'est pas Dieu; il ne peut s'éteindre, parce qu'il vient de Dieu. C'est pourquoi, de même que la lumière arrêtée par quelque obstacle, demeure, quoique sans briller, si l'obstacle est assez épais, de même le bien, étouffé dans l'âme par le mal, d'après l'intensité de celui-ci, ou disparaît complètement, en cachant sa lumière, ou bien rayonne par toutes les issues aussitôt qu'il a reconquis sa liberté. Ainsi, il y a des méchants et des hommes vertueux, quoique nous ayons tous une âme de semblable nature: ainsi se rencontre quelque bien dans les plus pervers, quelque mal dans les plus vertueux, parce que Dieu seul est sans péché, « et que le Christ est le seul homme sans péché, » attendu que le Christ est Dieu. Ainsi encore la divinité de l'âme, en vertu de son bien antérieur, éclate en présages, et la conscience prend une voix pour rendre témoignage à Dieu: « O Dieu bon! ----
Dieu me voit! ---- Je m'abandonne à Dieu! » Voilà pourquoi il n'y a point d'âme sans souillures, parce qu'il n'y a point d'âme qui n'ait la semence du bien. Conséquemment, lorsqu'elle parvient à la foi, régénérée par l'eau et par une vertu supérieure dans cette seconde naissance, après qu'est |84 arraché le voile de son ancienne corruption, elle contemple sa lumière dans tout son éclat. Elle est reçue aussi par l'Esprit saint, de même que dans sa première naissance par l'Esprit profane. La chair accompagne l'âme dans son union avec l'Esprit, comme un esclave qui fait partie de la dot, dès-lors n'étant plus la servante de l'âme, mais de l'esprit. O bienheureuse alliance, si elle ne commet pas l'adultère!