XLI.
Ainsi le mal de l'âme, outre celui qui est semé après coup par l'arrivée de l'esprit malfaisant, a sa source antérieure dans une corruption originelle, en quelque façon inhérente à la nature. Car, ainsi que nous l'avons dit, la corruption de la nature est comme une autre nature, ayant son dieu et son père, à savoir l'auteur de la corruption lui-même, de telle sorte néanmoins qu'il n'exclue pas le bien de l'âme, suréminent, divin et pur, le bien proprement inhérent à sa nature. En effet, ce qui vient de Dieu, s'éteint moins qu'il ne se voile. Il peut être voilé, parce qu'il n'est pas Dieu; il ne peut s'éteindre, parce qu'il vient de Dieu. C'est pourquoi, de même que la lumière arrêtée par quelque obstacle, demeure, quoique sans briller, si l'obstacle est assez épais, de même le bien, étouffé dans l'âme par le mal, d'après l'intensité de celui-ci, ou disparaît complètement, en cachant sa lumière, ou bien rayonne par toutes les issues aussitôt qu'il a reconquis sa liberté. Ainsi, il y a des méchants et des hommes vertueux, quoique nous ayons tous une âme de semblable nature: ainsi se rencontre quelque bien dans les plus pervers, quelque mal dans les plus vertueux, parce que Dieu seul est sans péché, « et que le Christ est le seul homme sans péché, » attendu que le Christ est Dieu. Ainsi encore la divinité de l'âme, en vertu de son bien antérieur, éclate en présages, et la conscience prend une voix pour rendre témoignage à Dieu: « O Dieu bon! ----
Dieu me voit! ---- Je m'abandonne à Dieu! » Voilà pourquoi il n'y a point d'âme sans souillures, parce qu'il n'y a point d'âme qui n'ait la semence du bien. Conséquemment, lorsqu'elle parvient à la foi, régénérée par l'eau et par une vertu supérieure dans cette seconde naissance, après qu'est |84 arraché le voile de son ancienne corruption, elle contemple sa lumière dans tout son éclat. Elle est reçue aussi par l'Esprit saint, de même que dans sa première naissance par l'Esprit profane. La chair accompagne l'âme dans son union avec l'Esprit, comme un esclave qui fait partie de la dot, dès-lors n'étant plus la servante de l'âme, mais de l'esprit. O bienheureuse alliance, si elle ne commet pas l'adultère!