Edition
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De carne Christi
XI
[1] Sed aliam argumentationem eorum convenimus, exigentes cur animalem carnem subeundo Christus animam carnalem videatur habuisse. 'Deus enim inquiunt gestivit animam visibilem hominibus exhibere faciendo eam corpus quae retro invisibilis extiterit, natura nihil sed nec semetipsam videns prae impedimento carnis huius, ut etiam disceptaretur nata sit anima an non, mortalis an non: itaque animam corpus effectam in Christo ut eam nascentem et morientem et, quod sit amplius, resurgentem videremus.' [2] et hoc autem quale erit, ut per carnem demonstraretur anima sibi aut nobis, quae per carnem non poterat agnosci, ut sic ostenderetur dum id fit cui latebat, id est caro? tenebras videlicet accepit ut lucere possit. denique ad hoc prius retractemus an isto modo ostendenda fuerit anima, dehinc an in totum invisibilem eam retro allegent, utrum quasi incorporalem an etiam habentem aliquod genus corporis proprii. [3] et tamen cum invisibilem dicant corporalem constituunt, habentem quod invisibile sit: nihil enim habens invisibile quomodo potest invisibilis dici? sed nec esse quidem potest, nihil habens per quod sit: cum autem sit, habeat necesse est aliquid per quod est. [4] si habet aliquid per quod est, hoc erit corpus eius. omne quod est corpus est sui generis: nihil est incorporale nisi quod non est. habente igitur anima invisibile corpus, qui visibilem eam facere susceperat utique dignius id eius visibile fecisset quod invisibile habebatur, quia nec hic mendacium aut infirmitas deo competit, mendacium si aliud animam quam quod erat demonstravit, infirmitas si id quod erat demonstrare non valuit. [5] nemo ostendere volens hominem cassidem aut personam ei inducit: hoc autem factum est animae si in carne conversa alienam induit superficiem. sed et si incorporalis anima deputetur, ut aliqua vi rationis occulta sit quidem anima, corpus tamen non sit quicquid est anima, proinde et impossibile deo non erat, et proposito eius congruentius competebat, nova aliqua corporis specie eam demonstrare quam ista communi omnium, alterius iam notitiae, ne sine causa visibilem ex invisibili facere gestisset animam, istis scilicet quaestionibus opportunam per carnis in illam humanae defensionem. [6] 'Sed non poterat Christus inter homines nisi homo videri.' redde igitur Christo fidem suam, ut qui homo voluit incedere animam quoque humanae condicionis ostenderit, non faciens eam carneam sed induens eam carne.
Übersetzung
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De la chair de Jesus-Christ
XI.
Abordant un autre de leurs arguments, nous leur |410 demandons pourquoi le Christ, en prenant une chair qui eût la nature de l'âme, aurait voulu paraître avec une. âme qui eût la nature de la chair. Dieu, disent-ils, affecta de rendre l'âme visible aux yeux des hommes, en la faisant corps, d'invisible qu'elle était auparavant. De sa nature elle ne voyait rien, elle ne se voyait pas elle-même, par l'obstacle de la chair, tellement que l'on mil en question si elle était née ou non, si elle était mortelle ou non. Voilà pourquoi, ajoutent-ils, l'âme est devenue corps dans le Christ, afin qu'il nous fût permis de la voir naître, mourir, et, qui plus est, ressusciter.
Mais comment admettre que l'âme se montrât à elle-même ou à nous, par le moyen de la chair, lorsque la chair ne pouvant donner connaissance de l'âme, est au contraire la production de la chose à laquelle l'âme était inconnue, c'est-à-dire la chair, qui est manifestée par ce moyen. Assurément, c'eût été recevoir des ténèbres, afin de pouvoir briller. Enfin, examinons encore préalablement si l'âme a dû être manifestée de cette manière. Nos adversaires en font-ils une substance absolument invisible autrefois? Dans ce cas, était-elle invisible par sou incorporelle, ou bien comme ayant un corps qui lui fût particulier? Toutefois, en la déclarant invisible, ils ne laissent pas de l'établir corporelle, ayant en soi ce qui est invisible. Car, à quel titre l'appeler invisible, si elle n'a rien d'invisible? Mais, d'ailleurs, elle ne peut pas même exister à moins d'avoir ce qui la fait exister. Si elle existe, il faut qu'elle ait nécessairement la chose par laquelle elle existe. Si elle a la chose par laquelle elle existe, cette chose n'est rien moins que son corps. Tout ce qui existe est un corps de son espèce particulière: rien d'incorporel que ce qui n'existe pas. Or, l'âme ayant un corps invisible, celui qui s'était proposé de la rendre visible eût fait plus convenablement de rendre visible ce qui était réputé invisible: par là, il n'y aurait eu ni mensonge ni faiblesse. Voilà que Dieu recourt au mensonge, s'il fait paraître l'âme autre |411 chose qu'elle n'est; il est convaincu de faiblesse, s'il n'a pu la faire paraître ce qu'elle était. Personne ayant dessein de montrer un homme, ne le couvre d'un casque ou d'un masque. C'est cependant ce qui est arrivé à l'âme, s'il est vrai que, convertie en chair, elle a revêtu une figure étrangère. Mais si l'on estime l'âme incorporelle, en sorte que par une puissance mystérieuse de la raison, l'âme existe sans que tout ce qui est âme soit corps, dans ce cas, il n'était pas impossible à Dieu, il était même plus convenable à ses desseins de la manifester dans un corps d'espèce nouvelle, plutôt que dans une substance commune à tous, et dont nous avons une notion différente1, de peur qu'on ne l'accusât d'avoir rendu sans motif l'âme visible, d'invisible qu'elle était, donnant ainsi lieu à toutes les questions où l'on soutient que l'âme participe de la nature de la chair. Le Christ assurément ne pouvait que passer pour un homme parmi les hommes. Rends donc au Christ la foi qui lui appartient. Puisqu'il a voulu se montrer homme, il a pris également une âme de condition humaine, qu'il a revêtue d'un corps de chair au lieu de lui donner la nature de la chair.
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Ou bien, déjà connue. ↩