XVI.
Mais voilà qu'Alexandre se fait jour, entraîné par sa passion pour la dispute, selon le caractère de l'hérésie, comme si nous affirmions que le Christ a revêtu une chair d'origine terrestre, afin d'anéantir en lui-même la chair du péché. Quand même nous le soutiendrions, nous aurions de quoi défendre notre sentiment, mais sans tomber dans, l'extravagance de cet hérétique qui nous fait dire que la chair du Christ a été anéantie dans sa personne en qualité de pécheresse: il nous souvient qu'elle règne dans les cieux, à la droite du Père, et nous enseignons qu'elle en descendra un jour, dans tout l'appareil de la majesté paternelle. Ainsi, comme nous ne pouvons dire qu'elle ait été anéantie. nous ne pouvons dire qu'elle était pécheresse, ni qu'elle ait été jamais anéantie, « puisqu'elle n'a jamais péché. » Ce que nous soutenons, le voici: c'est, non pas la chair du péché, mais le péché de la chair qui est anéanti dans le Christ; non pas la matière, mais la |419 nature; non pas la substance, mais la faute, conformément au témoignage de l'Apôtre, qui dit: « Il a détruit le péché dans la chair. » Car il dit ailleurs: « Jésus-Christ fut dans la ressemblance de la chair du péché; » non pas qu'il ait pris la ressemblance de la chair, c'est-à-dire l'image du corps au lieu de sa réalité, mais il faut entendre par là la ressemblance de la chair qui a péché, parce que la chair du Christ, qui ne péchait pas, fut pareille à celle qui pèche, pareille par la nature, mais non, par la corruption d'Adam. De là nous concluons que la chair fut dans Jésus-Christ la moine que celle dont la nature pèche dans l'homme, et que le péché a détruit en elle, en ce sens qu'elle était sans péché dans Jésus-Christ, tandis qu'elle n'était pas dans l'homme sans péché. En effet, le Christ n'eût rien fait pour le dessein qu'il avait conçu d'anéantir le péché de la chair, s'il ne l'eût pas anéanti dans la chair où résidait la nature du péché. Il n'eût pas travaillé davantage pour sa gloire, Qu'eût-il opéré dé merveilleux en rachetant la souillure du péché dans une chair meilleure et d'une nature différente, c'est-à-dire qui ne péchât point.
---- Donc, si le Christ a revêtu notre chair, me dis-tu, à chair du Christ fut une chair pécheresse.
---- Ne va point arrêter un sens qui sort de lui-même. En revêtant notre chair, il se l'est appropriée; en se l'appropriant, il ne l'a point faite chair pécheresse. Au resté et ceci s'applique à tous ceux qui ne peuvent croire que notre chair ait été en Jésus-Christ, parce qu'elle est née sans le concours de l'homme), qu'on se rappelle que la chair d'Adam naquit sans le concours de l'homme. De même que la terre fut convertie en cette chair sans le concours de l'homme, ainsi le Verbe de Dieu a pu passer dans la substance de cette même chair, sans que l'homme en fournît les éléments.