XIX.
Mais que signifie donc, «Qui ne?ont point nés du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu. « Je me servirai de ce passage lorsque j'aurai confondu ceux qui le corrompent. Ils prétendent qu'il est ainsi écrit: « Il n'est né ni du sang, ni de la volonté de la chair, ni de celle de l'homme, mais de Dieu; » comme si l'Evangile désignait ceux qui plus haut croyaient en son nom, afin de montrer l'existence de cette mystérieuse semence qui fait les élus et les spirituels, ainsi qu'ils se l'imaginent. Mais comment admettre ce sens, puisque tous ceux qui croient dans le nom du Seigneur naissent en vertu de la loi commune de la nature, du sang et de la volonté de la chair, ainsi que de celle de l'homme, à commencer par Valentin lui-même? Ainsi, quand il est écrit au singulier, comme s'appliquant au Seigneur: « Et il est né de Dieu, » rien de plus juste, parce qu'il est le Verbe de Dieu, et avec le Verbe l'Esprit de Dieu, et avec l'Esprit la Vertu de Dieu, et enfin tout ce par quoi le Christ est Dieu. Mais, considéré dans sa chair, il n'a rien du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, parce que c'est de la volonté de Dieu que le Verbe a été fait chair. L'exclusion formelle de notre naissance retombe sur la chair, mais non sur le |424 Verbe, parce que c'était ainsi que devait naître la chair et non le Verbe.
Mais pourquoi le sectaire, en niant que le Christ fût né de la volonté de la chair, n'a-t-il pas nié aussi qu'il fût né de la substance de la chair? Car, en niant qu'il soit né du sang, il n'a point exclu la substance de la chair, mais seulement le principe de la semence qui, comme on le sait, est la chaleur du sang, lorsque, par une sorte d'ébullition, elle sert à transformer le sang de la femme. Ainsi la présure déposée dans le lait en condense la substance1. Ainsi nous comprenons que la naissance de Notre-Seigneur ne procède point de l'opération de l'homme, et c'est là ce que signifie la volonté de l'homme et de la chair, mais non pas que l'opération de la mère soit exclue. Pourquoi donc répéter avec tant d'insistance que le Christ n'a dû sa naissance ni au sang, ni à la volonté de la chair ou, de l'homme, sinon parce qu'il y avait dans le Christ une chair que chacun eût pu croire née par les voies ordinaires? En niant qu'elle soit née par l'opération de l'homme, il n'a pas nié qu'elle fût née de la chair: que dis-je? il a établi qu'elle est née de la chair, puisqu'il n'a pas nie qu'elle fût née de la chair, comme il a nié l'opération de l'homme. Parlez! Si l'Esprit de Dieu est descendu dans Je sein de la femme sans devoir participer à sa chair, pourquoi est-il descendu dans le sein de la femme? Car une chair spirituelle aurait pu être produite hors du sein maternel, bien plus facilement qu'une chair enfermée dans ce sein n'a pu en sortir. C'est donc sans motif qu'il est entré dans ce sein, s'il n'en a rien reçu. Mais il n'y est pas descendu saris motif: donc il en a reçu quelque chose. En effet, s'il n'en a rien pris, c'est sans motif qu'il y est descendu, surtout s'il devait revêtir une chair qui n'eût rien de commun avec le sein maternel, c'est-à-dire une chair spirituelle. |425
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Le premier homme est né sans l'intervention de l'homme, puisqu'il est né de Dieu, le second Adam de même est né de Dieu et non de l'homme. ↩