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Aux nations
III.
Vous donc qui vous montrez si scrupuleux investigateurs quand il s'agit de délits bien moindres, mais qui oubliez votre zèle aussitôt que nous sommes accusés d'atrocités qui surpassent la plus révoltante barbarie, soit en refusant de recevoir l'aveu auquel doivent toujours viser les juges, soit en n'instruisant pas la cause, qui est le premier devoir avant de condamner, n'est-il pas manifeste par là que tout notre crime consiste dans le nom que nous portons? Cela est tellement vrai, que si la vérité de nos crimes était constatée, on nous condamnerait en les désignant, et la sentence s'exprimerait ainsi: Un tel a été convaincu d'homicide, d'inceste, ou de tout autre crime qu'on nous impute. Qu'il soit suspendu à la croix ou livré aux bêtes. Or vos sentences ne portent rien, sinon qu'il s'est déclaré Chrétien. Ce n'est pas le nom d'un crime qui nous condamne, c'est le crime d'un nom. Aussi voilà tout le motif de la haine qui se soulève contre nous. C'est notre nom qui est en cause. Je ne sais quelle force mystérieuse l'attaque par votre ignorance. Vous ne savez pas qui nous sommes, et vous ne voulez pas le savoir. De là vient que vous ne croyez pas à une innocence qui peut se prouver et afin de ne pas croire à une innocence qui se prouverait facilement, vous refusez l'enquête juridique, afin qu'un nom odieux demeure sous le poids d'une prévention perpétuelle. Cela est si vrai, qu'on nous contraint de nier, pour nous obliger de renoncer à un nom que l'on hait. Aussitôt que nous l'avons renié, nous sommes libres, et l'impunité nous est acquise. Dès lors plus d'infanticides, plus d'incestueux: tous ces crimes ont disparu avec notre nom.
Mais puisque nous en sommes sur cette matière, vous qui cherchez avec tant de violence à détruire un nom, dites-nous donc quels peuvent être le crime, l'offense et la faute d'un nom? Nous vous opposons tous les jours cette prescription: Vous n'avez pas le droit de juger sur un crime imaginaire, qui n'est point mentionné dans vos codes, qui n'est point défini dans vos actes d'arrestation, qui n'est point exprimé dans vos sentences. Montrez-moi un juge qui préside aux débats, une cause que l'on instruit, un accusé qui répond ou qui avoue, et un avocat qui plaide, alors je dirai qu'il y a un coupable. Mais quand il s'agit de la valeur d'un nom, si l'on fait le procès à un mot, si l'on accuse un terme, je ne vois pas ce que l'on peut reprocher à un terme ou à un mot, sinon d'être barbare, de funeste présage, inconvenant pour qui le prononce, ou dur pour qui l'entend. Tout le crime des mots s'arrête là; ils ne peuvent être coupables que de barbarisme, de même que les phrases de solécisme ou de tour vicieux. Mais le nom de Chrétien équivaut dans son sens à onction: ainsi ce nom que vous nous appliquez souvent sans le comprendre (car vous ne connaissez même qu'imparfaitement notre nom) ne respire que bonté, que douceur. C'est donc un nom innocent que vous persécutez dans des hommes innocents, un nom qu'articule aisément la langue, qui ne choque point l'oreille, qui n'est point fatal à l'homme ni de mauvais présage pour la patrie; un nom enfin qui est grec comme bien d'autres, sonore dans ses éléments, et agréable dans sa signification. Vous le voyez: un nom ne peut être châtié ni par le glaive, ni par la croix, ni par la dent des bêtes féroces.
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Ad Nationes
Chapter III. 1 --The Great Offence in the Christians Lies in Their Very Name. The Name Vindicated.
Since, therefore, you who are in other cases most scrupulous and persevering in investigating charges of far less serious import, relinquish your care in cases like ours, which are so horrible, and of such surpassing sin that impiety is too mild a word for them, by declining to hear confession, which should always be an important process for those who conduct judicial proceedings; and failing to make a full inquiry, which should be gone into by such as sue for a condemnation, it becomes evident that the crime laid to our charge consists not of any sinful conduct, but lies wholly in our name. If, indeed, 2 any real crimes were clearly adducible against us, their very names would condemn us, if found applicable, 3 so that distinct sentences would be pronounced against us in this wise: Let that murderer, or that incestuous criminal, or whatever it be that we are charged with, be led to execution, be crucified, or be thrown to the beasts. Your sentences, however, 4 import only that one has confessed himself a Christian. No name of a crime stands against us, but only the crime of a name. Now this in very deed is neither more nor less than 5 the entire odium which is felt against us. The name is the cause: some mysterious force intensified by your ignorance assails it, so that you do not wish to know for certain that which for certain you are sure you know nothing of; and therefore, further, you do not believe things which are not submitted to proof, and, lest they should be easily refuted, 6 you refuse to make inquiry, so that the odious name is punished under the presumption of (real) crimes. In order, therefore, that the issue may be withdrawn from the offensive name, we are compelled to deny it; then upon our denial we are acquitted, with an entire absolution 7 for the past: we are no longer murderers, no longer incestuous, because we have lost that name. 8 But since this point is dealt with in a place of its own, 9 do you tell us plainly why you are pursuing this name even to extirpation? What crime, what offence, what fault is there in a name? For you are barred by the rule 10 which puts it out of your power to allege crimes (of any man), which no legal action moots, no indictment specifies, no sentence enumerates. In any case which is submitted to the judge, 11 inquired into against the defendant, responded to by him or denied, and cited from the bench, I acknowledge a legal charge. Concerning, then, the merit of a name, whatever offence names may be charged with, whatever impeachment words may be amenable to, I for my part 12 think, that not even a complaint is due to a word or a name, unless indeed it has a barbarous sound, or smacks of ill-luck, or is immodest, or is indecorous for the speaker, or unpleasant to the hearer. These crimes in (mere) words and names are just like barbarous words and phrases, which have their fault, and their solecism, and their absurdity of figure. The name Christian, however, so far as its meaning goes, bears the sense of anointing. Even when by a faulty pronunciation you call us "Chrestians" (for you are not certain about even the sound of this noted name), you in fact lisp out the sense of pleasantness and goodness. 13 You are therefore vilifying 14 in harmless men even the harmless name we bear, which is not inconvenient for the tongue, nor harsh to the ear, nor injurious to a single being, nor rude for our country, being a good Greek word, as many others also are, and pleasant in sound and sense. Surely, surely, 15 names are not things which deserve punishment by the sword, or the cross, or the beasts.
Comp. The Apology, cc. i. and ii. ↩
Adeo si. ↩
Si accommodarent. ↩
Porro. ↩
Haec ratio est. ↩
Reprobentur. ↩
Impunitate. ↩
i.e., the name "Christians." ↩
By the "suo loco," Tertullian refers to The Apology. ↩
Praescribitur vobis. ↩
Praesidi. ↩
Ego. ↩
Chrestos means both "pleasant" and "good;" and the heathen founded this word with the sacred name Christos. ↩
Detinetis. ↩
Et utique. ↩