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Le scorpiâque, antidote contre la morsure des scorpions
IX.
Pour dépouiller l'antiquité de son mystère, il ne reste plus qu'à soutenir que le christianisme est une nouveauté, importée par un Dieu étranger, sans lien commun avec la loi première, et où « la Sagesse ne sait pas immoler ses propres enfants. » ---- La divinité, nous dit-on, est bien différente dans le Christ, ainsi que sa volonté et son école. Chez lui point de martyre, ou bien il a voulu qu'on le comprît autrement. Cela est si vrai, que jamais il n'exhorte les siens à braver ce péril; il ne promet pas de rétribution à ces souffrances, parce que ces souffrances il ne les veut pas.----Voilà pourquoi sans doute il débute dans ses préceptes par cette exclamation: « Bienheureux ceux qui souffrent pour la justice, parce que le royaume du ciel est à eux! » Paroles qui, dans leur généralité, s'appliquent à tous; ensuite il s'adresse plus spécialement à ses Apôtres: « Vous serez heureux, lorsque les hommes vous maudiront et vous persécuteront, et diront faussement toute sorte de mal de vous à cause de moi. Réjouissez-vous en ce jour-là et soyez dans l'allégresse: voici que votre récompense est grande dans le ciel; car leurs pères traitaient ainsi les prophètes. » N'était-ce pas leur prédire qu'il seraient immolés à la manière des prophètes?
Mais, je vous l'accorde; cette persécution, toute conditionnelle, ne concerne que les Apôtres. Eh bien! puisque les Apôtres nous ont transmis le sacrement de la foi tout entier, et la propagation du nom chrétien, et les communications du Saint-Esprit, disciples héréditaires et rejetons de la semence apostolique, nous sommes liés par la loi qui enchaînait les Apôtres. Ils étaient martyrs; donc nous devons être martyrs comme eux. Jésus-Christ leur dit ailleurs: « Voilà que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups; soyez en garde contre les hommes. Car ils vous feront comparaître dans leurs assemblées, et ils vous flagelleront dans leurs synagogues. Et vous serez conduits devant les magistrats et devant les rois, pour me rendre témoignage en leur présence et au milieu des nations. » Mais lorsqu'il ajoute: «Le frère livrera le frère à la mort, et le père le fils; les enfants s'élèveront contre les parents, et les feront mourir; » il est manifeste qu'il applique à d'autres cette iniquité, que les Apôtres n'ont pas éprouvée. Aucun d'eux n'a été livré par un père, par un frère, ce qui est arrivé à la plupart d'entre nous. Jésus-Christ revient ensuite à ses Apôtres: « Vous serez en haine à tous à cause de mon nom; » à plus forte raison nous-mêmes qui devons être livrés par nos parents. Ainsi, par le mélange de ces dispositions qui concernent tantôt les Apôtres, tantôt chacun des fidèles, il a fait pour tous ceux dans lesquels son nom siège comme en un sanctuaire, avec la haine du monde, une loi universelle de confesser son nom jusqu'à la mort. «Celui qui persévérera jusqu'à la fin, sera sauvé?» Persévérer, mais dans quelles souffrances? Dans la persécution, dans la trahison, dans l'immolation. Persévérer ne signifie, pas autre chose qu'endurer jusqu'à la fin. Voilà pourquoi « le disciple n'est pas au-dessus du Maître, ni le serviteur au-dessus de son Seigneur, » ajoute-t-il sur-le-champ. La cause en est toute simple. Le Maître et le Seigneur ayant été persécuté, trahi, immolé, à plus forte raison les serviteurs et les disciples devront-ils subir les mêmes épreuves, de peur qu'ils ne passent pour être d'une nature supérieure s'ils sont affranchis de la tribulation de l'iniquité, surtout quand il doit suffire à leur gloire d'être traités comme le Seigneur et le Maître qui les encourage ainsi à la patience: « Ne craignez point ceux qui tuent le corps et ne peuvent tuer l'ame; mais plutôt craignez celui qui peut précipiter l'ame et le corps dans l'enfer. » Ceux qui ne peuvent tuer que le corps, quels sont-ils, sinon les magistrats et les rois nommés plus haut? Ce sont des hommes, j'imagine. Quel est, au contraire, le souverain dominateur de l'ame, sinon Dieu seul? Qui nous menace des flammes vengeresses, sinon le Dieu « sans la volonté duquel l'un des deux passereaux ne tombe point à terre, » c'est-à-dire ni l'une ni l'autre des deux substances de l'homme, son corps ou son ame? Tous les cheveux de notre tête étant comptés devant lui, « ne craignez donc pas, » puisqu'il ajoute: «Vous valez plus que beaucoup de passereaux. » C'est nous promettre que nous ne tomberons pas vainement ni sans profit dans la terre, si nous aimons mieux être immolés par les hommes que par Dieu. « Quiconque confessera en moi devant les hommes, moi aussi je confesserai en lui devant mon Père qui est dans les cieux; et celui qui me renonce devant les hommes, je le renoncerai devant mon Père qui est dans les cieux. » Ici du moins, j'imagine, tout est clair dans la définition de la confession ainsi que du désaveu, quoique l'énonciation diffère. L'homme qui fait profession de christianisme se reconnaît pour le disciple du Christ. Celui qui est à Jésus-Christ, est nécessairement en Jésus-Christ. S'il est dans le Christ, il confesse donc dans le Christ, au moment où il confesse qu'il est Chrétien. Car il ne peut l'être, à moins d'être dans le Christ. Or, en confessant dans le Christ, il confesse aussi le Christ qui est dans le Christ, puisqu'il réside en lui en qualité de Chrétien. Prononcez le mot jour, sans avoir nommé la lumière elle-même, vous avez montré un effet de la lumière qui donne le jour. De même, quoique le Seigneur n'ait pas dit formellement: «Celui qui me confessera, » l'acte d'une confession journalière ne laisse point de s'accorder avec le sens des paroles du Seigneur. Quiconque en effet confesse ce qu'il est, c'est-à-dire Chrétien, confesse par là même ce par quoi il l'est, c'est-à-dire le Christ. Conséquemment quiconque se désavoue pour Chrétien, nie dans le Christ en niant qu'il soit dans le Christ, quand il désavoue son titre de Chrétien. D'autre part, celui qui niera que le Christ réside en lui-même, en niant qu'il réside dans le Christ, désavouera également Jésus-Christ. Donc nier dans le Christ, équivaut à nier le Christ; donc confesser dans le Christ, équivaut à confesser le Christ.
Il eût suffi que le Seigneur s'expliquât uniquement sur l'obligation de confesser. Il était facile, d'après ce texte, de préjuger son contraire, et de conclure que Dieu répondait au désaveu par un désaveu, comme à la confession par la confession. Voilà pourquoi l'énoncé de la confession amenant de soi-même la formule du désaveu, il est visible que Dieu en disant: « Celui qui me désavouera, » et non « celui qui désavouera en moi, » comme il l'avait fait pour l'aveu, appliquait ces paroles à une autre espèce d'apostasie. Il avait vu d'avance que la persécution s'armerait de toutes ses fureurs pour que le Chrétien, après avoir renié sa foi, fût aussi contraint de renier et de blasphémer le Christ. Ainsi avons-nous vu dernièrement avec horreur que, sous prétexte de réduire à l'apostasie quelques Chrétiens, on lutta contre leur foi tout entière avec une barbarie sans nom. Il vous sera donc inutile de dire: Quand même je nierais que je sois chrétien, je ne serais pas désavoué par le Christ, puisque je ne l'ai pas désavoué personnellement. Le désaveu de votre foi ne sera pas moins criminel, parce qu'en niant que vous soyez chrétien, c'est-à-dire en niant le Christ qui est en vous, vous l'avez renié lui-même. Il y a mieux. Il renvoie mépris pour mépris: « Celui qui aura rougi de moi en face des hommes, dit-il, je rougirai également de lui en face de mon Père qui est dans les deux. » L'apostasie, il ne l'ignorait pas, est fille de la honte; le front est comme le sanctuaire de l'ame, et le respect pour Dieu est mort au-dedans avant que le dehors ait défailli.
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Scorpiace
Chapter IX.
It remains for us, lest ancient times may perhaps have had the sacrament 1 (exclusively) their own, to review the modern Christian system, as though, being also from God, it might be different from what preceded, and besides, therefore, opposed thereto in its code of rules likewise, so that its Wisdom knows not to murder her own sons! Evidently, in the case of Christ both the divine nature and the will and the sect are different from any previously known! He will have commanded either no martyrdoms at all, or those which must be understood in a sense different from the ordinary, being such a person as to urge no one to a risk of this kind as to promise no reward to them who suffer for Him, because He does not wish them to suffer; and therefore does He say, when setting forth His chief commands, "Blessed are they who are persecuted for righteousness' sake, for theirs is the kingdom of heaven." 2 The following statement, indeed, applies first to all without restriction, then specially to the apostles themselves: "Blessed shall ye be when men shall revile you, and persecute you, and shall say all manner of evil against you, for my sake. Rejoice and be exceeding glad, since very great is your reward in heaven; for so used their fathers to do even to the prophets." So that He likewise foretold their having to be themselves also slain, after the example of the prophets. Though, even if He had appointed all this persecution in case He were obeyed for those only who were then apostles, assuredly through them along with the entire sacrament, with the shoot of the name, with the layer of the Holy Spirit, the rule about enduring persecution also would have had respect to us too, as to disciples by inheritance, and, (as it were,) bushes from the apostolic seed. For even thus again does He address words of guidance to the apostles: "Behold, I send you forth as sheep in the midst of wolves;" and, "Beware of men, for they will deliver you up to the councils, and they will scourge you in their synagogues; and ye shall be brought before governors and kings for my sake, for a testimony against them and the Gentiles," etc. 3 Now when He adds, "But the brother will deliver up the brother to death, and the father the child; and the children shall rise up against their parents, and cause them to be put to death," He has clearly announced with reference to the others, (that they would be subjected to) this form of unrighteous conduct, which we do not find exemplified in the case of the apostles. For none of them had experience of a father or a brother as a betrayer, which very many of us have. Then He returns to the apostles: "And ye shall be hated of all men for my name's sake." How much more shall we, for whom there exists the necessity of being delivered up by parents too! Thus, by allotting this very betrayal, now to the apostles, now to all, He pours out the same destruction upon all the possessors of the name, on whom the name, along with the condition that it be an object of hatred, will rest. But he who will endure on to the end--this man will be saved. By enduring what but persecution,--betrayal,--death? For to endure to the end is nought else than to suffer the end. And therefore there immediately follow, "The disciple is not above his master, nor the servant above his own lord;" because, seeing the Master and Lord Himself was stedfast in suffering persecution, betrayal and death, much more will it be the duty of His servants and disciples to bear the same, that they may not seem as if superior to Him, or to have got an immunity from the assaults of unrighteousness, since this itself should be glory enough for them, to be conformed to the sufferings of their Lord and Master; and, preparing them for the endurance of these, He reminds them that they must not fear such persons as kill the body only, but are not able to destroy the soul, but that they must dedicate fear to Him rather who has such power that He can kill both body and soul, and destroy them in hell. Who, pray, are these slayers of the body only, but the governors and kings aforesaid--men, I ween? Who is the ruler of the soul also, but God only? Who is this but the threatener of fires hereafter, He without whose will not even one of two sparrows falls to the ground; that is, not even one of the two substances of man, flesh or spirit, because the number of our hairs also has been recorded before Him? Fear ye not, therefore. When He adds, "Ye are of more value than many sparrows," He makes promise that we shall not in vain--that is, not without profit--fall to the ground if we choose to be killed by men rather than by God. "Whosoever therefore will confess in me before men, in him will I confess also before my Father who is in heaven; 4 and whosoever shall deny me before men, him will I deny also before my Father who is in heaven." Clear, as I think, are the terms used in announcing, and the way to explain, the confession as well as the denial, although the mode of putting them is different. He who confesses himself a Christian, beareth witness that he is Christ's; he who is Christ's must be in Christ. If he is in Christ, he certainly confesses in Christ, when he confesses himself a Christian. For he cannot be this without being in Christ. Besides, by confessing in Christ he confesses Christ too: since, by virtue of being a Christian, he is in Christ, while Christ Himself also is in him. For if you have made mention of day, you have also held out to view the element of light which gives us day, although you may not have made mention of light. Thus, albeit He has not expressly said, "He who will confess me," (yet) the conduct involved in daily confession is not different from what is meant in our Lord's declaration. For he who confesses himself to be what he is, that is, a Christian, confesses that likewise by which he is it, that is, Christ. Therefore he who has denied that he is a Christian, has denied in Christ, by denying that he is in Christ while he denies that he is a Christian; and, on the other hand, by denying that Christ is in him, while He denies that he is in Christ, he will deny Christ too. Thus both he who will deny in Christ, will deny Christ, and he who will confess in Christ will confess Christ. It would have been enough, therefore, though our Lord had made an announcement about confessing merely. For, from His mode of presenting confession, it might be decided beforehand with reference to its opposite too--denial, that is--that denial is repaid by the Lord with denial, just as confession is with confession. And therefore, since in the mould in which the confession has been cast the state of (the case with reference to) denial also may be perceived, it is evident that to another manner of denial belongs what the Lord has announced concerning it, in terms different from those in which He speaks of confession, when He says, "Who will deny me," not "Who will deny in me." For He had foreseen that this form of violence also would, for the most part, immediately follow when any one had been forced to renounce the Christian name,--that he who had denied that he was a Christian would be compelled to deny Christ Himself too by blaspheming Him. As not long ago, alas, we shuddered at the struggle waged in this way by some with their entire faith, which had had favourable omens. Therefore it will be to no purpose to say, "Though I shall deny that I am a Christian, I shall not be denied by Christ, for I have not denied Himself." For even so much will be inferred from that denial, by which, seeing he denies Christ in him by denying that he is a Christian, he has denied Christ Himself also. But there is more, because He threatens likewise shame with shame (in return): "Whosoever shall be ashamed of me before men, of him will I also be ashamed before my Father who is in heaven." For He was aware that denial is produced even most of all by shame, that the state of the mind appears in the forehead, and that the wound of shame precedes that in the body.