III.
La dignité de Dieu doit-elle souffrir que son nom et ses honneurs soient prostitués au mensonge? Peut-il ne pas défendre à ceux qu'il a arrachés au joug de la superstition de retourner honteusement à la servitude de l'Egypte? Enfin a-t-il le droit d'exiger que des enfants, adoptés par lui, ne s'éloignent pas de son culte? Questions qui n'ont pas besoin d'être discutées. On ne nous demandera pas davantage d'examiner si Dieu a voulu l'observation d'une loi qu'il a fondée, et s'il venge le mépris d'une loi dont il a voulu l'observation. A quoi bon la loi, s'il n'avait pas exigé qu'elle fût obéie, et vainement l'eût-il exigé, s'il n'avait pas voulu châtier? Il me reste à prouver que les déclarations précédentes s'adressaient à des superstitions détruites ou châtiées par Dieu. La question du martyre en acquerra toute sa certitude.
Moïse était avec Dieu sur la montagne, lorsque le peuple, incapable de supporter une absence qui lui était si nécessaire, demande qu'on lui forge des dieux; dieux impies, qu'il aurait dû plutôt réduire en poudre! On redouble d'instances auprès d'Aaron. Celui-ci ordonne aux Israélites de jeter dans les flammes les ornements d'or qui pendaient aux oreilles de leurs femmes. N'allaient-ils pas échanger contre une sentence de mort la parole de Dieu qui est le plus bel ornement de l'oreille de l'homme? Ces flammes intelligentes convertirent les métaux en un stupide animal, comme pour charger les Israélites de confusion, et leur dire: « Votre cœur est là où est votre trésor, » c'est-à-dire en Egypte qui, parmi tant d'autres superstitions honteuses, a consacré son bœuf Apis. Trois mille hommes furent en conséquence immolés par leurs pères et leurs proches, parce que, les premiers dans la révolte et dans le châtiment de la révolte, ils avaient outragé le Dieu qui était bien plus encore leur père et leur proche. ---- Dans les Nombres, Israël, campé à Séthim, se rend coupable avec les filles de Moab qui le convoquent à leurs sacrifices, afin que la fornication de l'esprit se joignît à celle du corps. Israël mange de ces viandes abominables, adore les dieux de cette nation et s'initie au culte de Béelphégor. Pour cette seconde idolâtrie, sœur de la fornication, vingt-trois mille hommes sont décapités par le glaive de leurs proches, victimes offertes à la justice divine. ----Après la mort de Jésus, fils de Navé, les Israélites abandonnent le Dieu de leurs pères et se courbent devant les idoles de Baalim et d'Astaroth. Aussitôt la colère du Seigneur livre les coupables entre les mains de leurs ennemis qui les pillent et les vendent à des étrangers. Vainement ils essaient de résister. Partout où ils se présentent, la main céleste s'étend sur eux, et ils éprouvent de grandes calamités. Dieu leur donne ensuite des juges ou censeurs; mais ils se lassent bientôt d'obéir aux juges. Chaque juge n'est pas plutôt mort, qu'ils retombent dans des actions plus criminelles que celles de leurs pères, suivant des dieux étrangers, les servant et les adorant. Alors la fureur de Dieu s'allume contre Israël. « Parce que, dit-il, ce peuple a violé l'alliance que j'avais signée avec ses pères, et qu'il a dédaigné d'entendre ma voix, je n'exterminerai point les nations que Josué a laissées lorsqu'il est mort. » Dans les annales des juges et ensuite des rois, Dieu fait sentir à Israël sa colère par les forces des nations voisines qu'il tient en réserve, par la guerre, par la captivité, par le joug des étrangers, toutes les fois qu'Israël s'éloignait de lui, surtout pour tomber dans l'idolâtrie.