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Le Rétractations
3.
Dans le second livre, quand j’ai avancé que le nom de « nourriture» pouvait s’expliquer par la vie 1; comme les meilleures traductions portent non pas « nourriture », mais « foin », je n’ai pas été assez exact. On ne peut pas étendre la signification du mot « foin» à l’idée de vie, comme on peut le faire pour «nourriture. » Il me semble aussi que 2 je n’ai pas eu raison de traiter de prophétiques ces paroles: « Que t’enorgueillis-tu, terre et cendre 3? » Car elles ne sont pas dans le livre d’un de ces écrivains que nous soyions sûrs de pouvoir appeler prophètes. Et ce mot de l’Apôtre, quand il cite le témoignage suivant de la Genèse: « Le premier homme, Adam, a été « fait âme vivante 4, » je ne l’ai pas compris comme le voulait l’Apôtre. J’exposais en effet ceci: « Dieu souffla sur sa face un souffle de « vie, et l’homme fut fait âme vive ou âme « vivante 5. » Or, l’Apôtre invoque cette citation pour prouver que le corps est animé, et moi j’ai voulu montrer que non pas le corps de l’homme seulement, mais tout l’homme avait été animé dès l’abord 6. Quand ensuite j’ai dit : « Les péchés ne nuisent qu’à la nature qui les commet 7; » je l’ai dit en ce sens que celui qui nuit au juste, ne lui nuit pas véritablement, puisqu’il augmente sa récompense dans le ciel; mais il se nuit à soi-même en péchant, parce que, à cause de sa volonté perverse, il recevra l’équivalent du dommage qu’il a causé. Les Pélagiens, sans doute, peuvent abuser de cette pensée dans leur sens et dire que les péchés d’autrui n’ont pas nui aux petits enfants, puisque selon moi : « Les péchés ne nuisent qu’à la nature qui les commet. » Mais ils ne considèrent pas que les petits enfants qui participent à la nature humaine, en subissent le péché originel, puisque la nature humaine a péché dans nos premiers parents et que, par suite, aucun péché ne nuit à la nature humaine excepté les siens. « Car le péché est entré dans le monde par un seul homme en qui tous ont péché 8.» Aussi ai-je dit: « Les péchés ne nuisent qu’à la nature, et « non pas à l’homme qui les commet. » J’ai dit peu après: « Il n’y a pas de mal naturel 9;» ces hérétiques pourraient aussi peut-être s’en prévaloir frauduleusement; mais ce mot s’applique à la nature telle qu’elle a été primitivement constituée sans défaut; c’est elle qui s’appelle vraiment et proprement la nature de l’homme. En étendant le sens de cette expression, nous appelons aussi nature, celle que l’homme apporte en naissant; ainsi l’Apôtre a dit: « Car nous avons été par nature, enfants de colère comme les autres 10. » Cet ouvrage commence ainsi: « Si les Manichéens « choisissaient ceux qu’ils veulent tromper. »
Edition
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Retractationes (PL)
3.
In secundo etiam libro illud quod posui, nomine pabuli significari posse vitam 1, cum melioris interpretationis codices non habeant, pabulum; sed, fenum; non satis apte dictum videtur. Non enim congruit feni nomen significationi vitae, quomodo pabuli. Item videor 2 non recte appellasse verba prophetica quibus scriptum est, Quid superbit terra et cinis 3? quia non in ejus libro legitur, quem certi simus appellandum esse prophetam. Nec illud Apostoli, ubi adhibet testimonium de Genesi, dicens, Factus est primus homo Adam in animam viventem 4; sicut ille voluit, intellexi, cum exponerem quod scriptum est, Insufflavit Deus in faciem ejus flatum vitae, et factus est homo in animam vivam, vel, in animam viventem 5. Apostolus enim ad hoc adhibuit illud testimonium, ut probaret esse corpus animale: ego autem hinc putavi esse monstrandum, animalem factum prius hominem, non corpus hominis solum 6. Quod autem dixi, nulli naturae nocere peccata nisi sua 7, ideo dixi, quoniam justo qui nocet, non ei vere nocet, quandoquidem etiam mercedem ejus auget in coelis: sibi autem peccando vere nocet; quia propter ipsam voluntatem nocendi recipiet id, quod nocuit. Possunt sane Pelagiani ad suum dogma trahere istam sententiam, et ideo dicere, parvulis aliena non nocuisse peccata, quia dixi, nulli naturae nocere peccata nisi sua; non intuentes ideo parvulos, qui utique pertinent ad humanam naturam, trahere originale peccatum, quia in primis hominibus natura humana peccavit, ac per hoc naturae humanae nulla nocuere peccata, nisi sua. Per unum quippe hominem, in quo omnes peccaverunt, peccatum intravit in mundum 8: non enim nulli homini, sed nulli naturae dixi peccata nocere, nisi sua. Item in eo quod paulo post dixi, Nullum esse malum naturale 9, possunt quaerere similem latebram, nisi hoc dictum ad naturam talem referatur, qualis sine vitio primitus condita est: ipsa enim vere ac proprie natura hominis dicitur. Translato autem verbo utimur, ut naturam dicamus etiam, qualis nascitur homo, secundum quam locutionem dixit Apostolus: Fuimus enim et nos aliquando natura filii irae, sicut et caeteri 10. Hoc opus sic incipit: Si eligerent Manichaei quos deciperent.