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Le Rétractations
2.
De même ce que j’ai dit que « nulle part il n’y a de péché sinon dans la volonté, » les Pélagiens peuvent s’en prévaloir, au sujet des enfants qui, selon eux, n’auraient pas de péché à remettre par le baptême, parce qu’ils n’ont pas l’usage de leur libre arbitre. Mais est-ce que le péché qu’ils ont contracté originellement, c’est-à-dire en étant impliqués dans la faute et par conséquent soumis à la peine de cette faute, a pu être ailleurs que dans la volonté, volonté qui l’a commis au moment où a eu lieu la transgression du précepte divin? On pourrait aussi trouver fausse cette maxime : «Nulle part il n’y a de péché que dans la volonté,» en la rapprochant des paroles de l’Apôtre : «Si je fais ce que je ne veux pas, ce n’est pas moi qui opère, mais le péché qui habite en moi. » En effet ce péché est si peu dans la volonté que l’Apôtre dit: « Ce que je ne veux pas, je le fais. » Comment donc alors dire que le péché ne saurait être ailleurs que dans la volonté? Le voici : ce péché dont parle l’Apôtre est nommé péché parce qu’il est la suite du péché et la peine du péché. En effet, il s’agit ici de la concupiscence de la chair, comme il le montre par la suite lorsqu’il dit : « Je sais que le bien n’habite pas en moi, c’est-à-dire dans ma chair; car le vouloir réside en moi, mais accomplir le bien, je ne l’y trouve pas 1. » La perfection du bien, en effet, c’est que la concupiscence elle-même ne soit pas dans l’homme; je parle de cette concupiscence à laquelle, quand on vit bien, la volonté ne consent pas. Mais l’homme n’accomplit pas le bien parce qu’il y a en lui la concupiscence à laquelle répugne la volonté. Le baptême enlève la culpabilité de cette concupiscence, mais l’infirmité demeure; et tout fidèle qui avance bien, lutte contre cette infirmité avec le plus grand soin jusqu’à ce qu’elle soit guérie. Quant au péché qui n’est jamais ailleurs que dans la volonté, c’est particulièrement celui qu’a suivi une juste condamnation. C’est celui-là qui est entré dans le monde par un seul homme. Toutefois le péché par lequel on consent à la concupiscence du péché ne se commet jamais sans la volonté. Aussi ai-je dit ailleurs: « On ne « pèche que par la volonté 2. »
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Retractationes (PL)
2.
Item quod dixi, nusquam scilicet, nisi in voluntate esse peccatum, possunt Pelagiani pro se dictum putare, propter parvulos, quos ideo negant habere peccatum quod eis in Baptismate remittatur, quia nondum arbitrio voluntatis utuntur. Quasi vero peccatum quod eos ex Adam dicimus originaliter trahere, id est reatu ejus implicatos, et ob hoc poenae obnoxios detineri, usquam esse potuit nisi in voluntate, qua voluntate commissum est, quando divini praecepti est facta transgressio. Potest etiam putari falsa esse ista sententia qua diximus, Nusquam nisi in voluntate esse peccatum, quia dixit Apostolus: Si autem quod nolo, hoc facio, jam non ego operor illud, sed quod habitat in me peccatum. Hoc enim peccatum usque adeo non est in voluntate, ut dicat: Quod nolo, hoc facio. Quomodo ergo nusquam est nisi in voluntate peccatum? Sed hoc peccatum de quo sic est locutus Apostolus, ideo peccatum vocatur, quia peccato factum est, et poena peccati est; quandoquidem hoc de concupiscentia carnis dicitur, quod aperit in consequentibus dicens: Scio quia non habitat in me, hoc est in carne mea bonum: velle enim adjacet mihi, perficere autem bonum, non 1. Perfectio quippe boni [Col. 0609] est, ut nec ipsa concupiscentia peccati sit in homine, cui quidem quando bene vivitur, non consentit voluntas: verumtamen non perficit bonum, quia inest adhuc concupiscentia cui repugnat voluntas; cujus concupiscentiae reatus in Baptismate solvitur, sed infirmitas manet, cui donec sanetur, omnis fidelis qui bene proficit, studiosissime reluctatur. Peccatum autem quod nusquam est nisi in voluntate, illud praecipue intelligendum est, quod justa damnatio consecuta est. Hoc enim per unum hominem introivit in mundum: quanquam et hoc peccatum quo consentitur peccati concupiscentiae, non nisi voluntate committitur. Propter hoc et alio loco dixi: Non igitur nisi voluntate peccatur 2.