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Le Rétractations
7.
On peut demander pourquoi j’ai dit : «Quand même il y aurait des âmes, ce qui est incertain, livrées non par le péché mais par nature, aux fonctions corporelles, et quand même elles nous toucheraient, quoiqu’inférieures à nous, par une sorte de voisinage intime, il ne faudrait pas cependant les tenir pour mauvaises, parce que nous, en les suivant et en aimant les choses corporelles, nous serions mauvais; » on pourrait, dis-je, demander pourquoi j’ai parlé ainsi de ces âmes dont auparavant j’avais dit: «Concédât-on aux Manichéens que nous sommes entraînés aux choses honteuses par une espèce inférieure d’âmes, ils n’en peuvent pas conclure que ces âmes soient mauvaises par nature, ni que les autres soient le souverain bien 1. » J’ai conduit l’examen et l’étude de ce point jusqu’à ce passage : « Quand même il y aurait des âmes, ce qui est incertain, etc. » On peut donc demander pourquoi j’ai dit: « Ce qui est incertain, » lorsque je n’aurais pas dû mettre en doute qu’il n’y a pas d’âmes pareilles. Mais voici pourquoi je une suis exprimé ainsi : c’est que j’ai rencontré des personnes qui prétendaient que le démon et ses anges sont bons dans leur genre et dans la nature où Dieu les a créés, tels qu’ils sont et par un dessein particulier; que le mal, c’est de nous laisser charmer et séduire par eux; le bien et la gloire, de nous en défier et de les vaincre. Et ceux qui parlent de la sorte se figurent prouver leur assertion par des témoignages tirés de l’Ecriture: ainsi, dans le livre de Job 2, quand le démon est défini : « C’est le chef-d’oeuvre du Seigneur, qui l’a fait pour s’en jouer par ses anges, » ou ce verset du psaume : « C’est le dragon que vous avez créé pour vous jouer de lui 3. » Cette question, qui ne regarde pas les Manichéens, lesquels n’ont pas d’opinion semblable, mais qui regarde ceux qui partagent cette manière de voir, je n’ai pas voulu la traiter en ce moment et la résoudre, car elle aurait augmenté mon livre plus que je ne le désirais. Je voyais d’ailleurs que même en concédant ce point, les Manichéens pouvaient et devaient être convaincus d’introduire une erreur insensée, à savoir la nature du mal coéternelle au bien éternel. Aussi ai-je dit: « Ce qui est encore incertain; » non pas que j’en doutasse moi-même, mais parce que la question n’avait pas encore été résolue entre moi et les adversaires que j’avais en vile. Je l’ai résolue du reste, dans mes livres écrits longtemps après sur la Genèse prise à la lettre, d’après les saintes Ecritures et avec autant de clarté que j’ai pu.
Edition
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Retractationes (PL)
7.
Illud autem quaeri potest quomodo dixerim, Etiam si sunt animae, quod interim incertum est, corporeis officiis, non peccato, sed natura deditae, nosque, quanquam sint inferiores, aliqua tamen interiore vicinitate contingunt; non illas ideo malas haberi oportere, quia nos cum eas sequimur et corporea diligimus, mali sumus; quandoquidem de illis hoc dixi, de quibus superius [Col. 0611] loqui coeperam dicens: Quanquam etiamsi eisdem concedatur inferiore alio genere animarum nos illici ad turpia; non inde conficiunt aut illas natura malas esse, aut istas summum bonum 1. De his enim disputationem usque ad hunc locum perduxi, ubi dixi: Etiamsi sunt animae, quod interim incertum est, corporeis officiis, non peccato, sed natura deditae, etc. Quaeri ergo potest, cur, dixerim quod interim incertum est, cum prorsus dubitare non debuerim, non esse tales animas. Sed hoc ideo dixi, quia expertus sum qui dicerent diabolum et angelos ejus bonos esse in genere suo, et in ea natura in qua eos creavit Deus ordine proprio tales quales sunt: sed nobis malum esse, si illiciamur et seducamur ab eis; si autem caveamus eos atque vincamus, decorum atque gloriosum. Et hoc qui dicunt, videntur sibi ut id probent, de Scripturis adhibere idonea testimonia; vel illud quod scriptum est in libro Job (XL, 14), cum diabolus describeretur, Hoc est initium figmenti Domini quod fecit ad illudendum ab Angelis suis; vel illud, Draco hic quem finxisti ad illudendum ei 2. Quam quaestionem, quae non adversus Manichaeos qui hoc non sentiunt, sed adversus alios qui hoc sentiunt suscipienda esset atque solvenda, pertractare atque enodare tunc nolui, ne librum multo quam vellem facerem longiorem: cum viderem etiam si hoc concederetur, tamen debere Manichaeos ac jam posse convinci, introducentes insanissimo errore, naturam mali aeterno bono coaeternam. Ideo ergo dixi, quod interim incertum est, non quod ego inde dubitarem, sed quod inter me et illos, quos ita sapere inveneram, nondum esset ista quaestio dissoluta; quam tamen in aliis longe posterioribus libris meis de Genesi ad litteram, secundum Scripturas sanctas quanta potui manifestatione dissolvi.