2.
Lorsque j’ai dit dans ce livre : « L’âme me paraît avoir apporté avec elle tous les arts; et ce qu’on nomme apprendre ne me semble pas autre chose que se rappeler et se souvenir 1; » il ne faut pas induire, de cette parole, que je suppose que l’âme ait vécu pendant un temps, soit ici-bas, dans un autre corps, soit ailleurs, dans un corps ou sans corps, ni qu’elle ait appris antérieurement dans une autre vie les connaissances sur lesquelles elle répond quand on l’interroge et sur lesquelles elle n’a pas encore été instruite ici-bas. Il se peut faire, en effet, comme nous l’avons remarqué dans le présent ouvrage 2, qu’elle en soit capable parce qu’elle est une nature intellectuelle, en relation non-seulement avec les choses intellectuelles, mais avec les immuables, et ainsi ordonnée que, lorsqu’elle se tourne vers les objets avec lesquels elle est en rapport ou vers elle-même, elle puisse, autant qu’elle les voit, donner à leur sujet des réponses véritables. Sans doute elle n’a pas apporté avec elle et ne connaît pas tous les arts de cette manière; en effet, elle ne saurait, sans avoir été enseignée, parler des arts qui se rapportent aux sens corporels, comme presque toute la médecine, comme toute l’astronomie. Mais sur ce que l’intelligence seule suffit à comprendre, ainsi que je l’ai dit, elle peut. quand elle s’interroge ou qu’on l’interroge bien et quand elle réfléchit, répondre justement.