2.
Lorsque j’ai dit, dans ce livre : « Les corps sont d’autant meilleurs qu’ils renferment plus de nombres pareils; mais l’âme, en manquant de ceux qu’elle reçoit par le «corps, devient meilleure; puisqu’elle s’éloigne des sens charnels et qu’elle se réforme selon les nombres divins de la sagesse 1; »ces paroles ne doivent pas être prises comme s’il ne devait pas y avoir de nombres corporels dans les corps incorruptibles et spirituels, puisqu’ils doivent être beaucoup plus beaux et plus harmonieux : il ne faut pas non plus y voir la pensée que l’âme ne doit pas y être sensible quand elle sera excellente, de même qu’elle devient meilleure ici-bas quand elle en est privée. Ici, en effet, l’âme a besoin de s’éloigner des sens charnels pour comprendre les choses intellectuelles, parce qu’elle est faible et impropre à appliquer son attention aux uns et aux autres ensemble. Dans les objets corporels, elle doit fuir la séduction maintenant et aussi longtemps qu’elle peut être entraînée à de honteux plaisirs; mais alors elle sera si ferme et si parfaite que les nombres corporels ne pourront pas la détourner de la contemplation de la sagesse; elle y sera sensible sans en être séduite, et ne devra pas en être privée pour devenir meilleure; au contraire, elle sera si bonne et si droite que ces nombres corporels ne pourront la décevoir ni l’arrêter.
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Liv. VI, C. IV, n. 7. ↩