5.
Ailleurs encore : «Le péché est un mal si volontaire, qu’il n’y a pas de péché là où il n’y a pas de volonté 1. » Cette définition peut paraître fausse; mais en la discutant avec soin, on trouve qu’elle est parfaitement vraie. En effet, il faut nommer péché ce qui est seulement péché, et non pas ce qui est aussi la peine du péché, comme je l’ai montré ci-dessus à propos d’un passage du livre troisième du traité du Libre Arbitre 2. Néanmoins, même des actes qu’à bon droit on appelle des péchés involontaires, parce qu’ils sont commis ou sans qu’on le sache, ou sous la contrainte, ne peuvent pas être commis absolument sans volonté. Car, celui qui pèche par ignorance, agit cependant volontairement, pensant accomplir un acte licite quand cet acte ne l’est pas; et celui qui, dans la concupiscence de la chair contre l’esprit, ne fait pas ce qu’il veut, éprouve à la vérité des désirs malgré lui; et, en cela, il fait ce qu’il ne veut pas; mais s’il est vaincu, il consent volontairement à la concupiscence; et en cela il ne fait que ce qu’il veut: libre à l’égard de la justice, esclave à l’égard du péché. Quant au péché que dans les enfants on nomme péché originel, lorsqu’ils n’ont pas encore l’usage de leur libre arbitre, on n’a pas tort non plus de l’appeler volontaire, puisque, contracté à l’origine par la volonté dépravée de l’homme, il est devenu en quelque façon héréditaire. Je n’ai donc pas été en faute quand j’ai dit: « Le péché est un mal si volontaire, qu’il n’y a pas de péché s’il n’y a pas de volonté. »C’est pourquoi la grâce de Dieu enlève non-seulement les fautes antérieures chez tous ceux qui sont baptisés en Jésus-Christ, ce qui arrive par l’esprit de régénération ; mais même dans les adultes, le Seigneur assainit la volonté et la prépare, ce qui arrive par l’esprit de foi et de charité.