6.
Semblablement, le précepte qui interdit à un mari de répudier sa femme, si ce n’est pour cause de fornication, je l’ai discuté ici avec le soin le plus scrupuleux 1. Mais quelle est la fornication pour laquelle le Seigneur permet la répudiation? Est-ce celle qui se compte parmi les crimes honteux, ou celle de laquelle il est écrit: «Vous avez perdu quiconque commet une fornication contre vous 2,» et dont la première fait aussi partie; car il n’est pas sans commettre la fornication contre Je Seigneur celui qui corrompt les membres du Christ et les transforme en membres d’une courtisane? Voilà ce qu’il faut examiner, rechercher et méditer à fond. En une matière si importante et si difficile, je ne voudrais pas que le lecteur pût penser que ma discussion suffise; qu’il veuille bien, au contraire, lire d’autres écrits, soit ceux que j’ai composés depuis, soit ceux qui ont été mieux rédigés et médités par d’autres. Que lui-même, s’il le peut, débatte dans son intelligence avec plus de sagacité et de prudence les raisons qui peuvent à bon droit être invoquées ici. En effet tout péché n’est pas une fornication; Dieu ne perd pas tous les pécheurs, lui qui chaque jour exauce les saints qui lui disent: « Pardonnez-nous nos péchés 3; » et cependant il condamne, il perd quiconque commet une fornication contre lui. Quelle est donc cette fornication? Comment l’entendre et comment la limiter? Est-il aussi permis pour elle de répudier une épouse? La question est des plus obscures. Quant à la permission de répudier basée sur la fornication en tant que crime honteux, cela rie fait pas de doute. Seulement, quand j’ai dit que cette répudiation était permise mais non ordonnée, je n’avais pas fait attention à cette autre parole de l’Ecriture « Celui qui garde une adultère est un fou et un impie 4. » Il est bien entendu que je n’appellerai pas non plus adultère la femme de qui le Seigneur a dit: « Moi je ne vous condamnerai pas, allez et ne péchez plus 5, » pourvu qu’elle lui ait obéi.