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Les confessions de Saint Augustin
CHAPITRE PREMIER. ACTIONS DE GRACES!
1. « O Seigneur, je suis votre serviteur; je suis votre serviteur, et le fils de votre servante. Vous avez brisé mes liens, je vous sacrifierai un sacrifice de louanges (Ps. CXV, 16, 17)! » Que mon coeur, que ma langue vous louent, et que tous mes os s’écrient: « Seigneur, qui est semblable à vous? » Qu’ils parlent, et répondez-moi; et « dites à mon âme: Je suis ton salut (Ps. XXXIV, 10-3). » Qui étais-je? et quel étais-je? Combien de mal en mes actions; et, sinon dans mes actions, dans mes paroles; et, sinon dans mes paroles, dans ma volonté? Mais vous, Seigneur de bonté et de miséricorde, vous avez mesuré d’un regard la profondeur de ma mort, et vous avez retiré du fond de mon coeur un abîme de corruption. Et il ne s’agissait pourtant que de ne pas vouloir ma volonté, et de vouloir la vôtre!
Mais où était donc, durant le cours de tant d’années, et de quels secrets et profonds replis s’est exhumé soudain mon libre arbitre, pour incliner ma tête sous votre aimable joug, et mes épaules sous votre léger fardeau (Matth. XI, 30), ô Christ, ô Jésus, mon soutien et mon rédempteur? Quelles soudaines délices ne trouvai-je pas dans le renoncement aux délices des vanités? En être quitté, avait été ma crainte, et les quitter, était ma joie. Car vous les chassiez de chez moi, ô véritable, ô souveraine douceur! vous les chassiez, et, à leur place, vous entriez plus aimable que toute volupté, mais non au sang et à la chair; plus éclatant que toute lumière, mais plus intérieur que tout secret; plus élevé que toute grandeur, mais non pour ceux qui s’élèvent en eux-mêmes. Déjà mon esprit était libre du cuisant souci de parvenir aux honneurs, aux richesses, de rouler dans l’impureté, et d’irriter la lèpre de mes intempérances; et je gazouillais déjà sous vos yeux, ô ma lumière, ô mon opulence, ô mon salut, Seigneur, mon Dieu!
Edition
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Confessiones (PL)
CAPUT PRIMUM. Laudat Dei bonitatem, agnoscens suam miseriam.
[Col. 0763]
1. O Domine, ego servus tuus; ego servus tuus, et filius anciliae tuae. Dirupisti vincula mea; tibi sacrificabo sacrificium laudis 1. Laudet te cor meum et lingua mea, et omnia ossa mea dicant: Domine, quis similis tibi? Dicant, et responde mihi, et dic animae meae, Salus tua ego sum 2. Quis ego, et qualis ego? Quid non mali aut facia mea; aut, si non facta, dicta mea; aut, si non dicta, voluntas mea fuit? Tu autem, Domine, bonus et misericors, et dextera tua respiciens profunditatem mortis meae, et a fundo cordis mei exhauriens abyssum corruptionis. Et hoc erat totum nolle quod volebam, et velle quod volebas. Sed ubi erat tam annoso tempore, et de quo imo altoque secreto evocatum est in momento liberum arbitrium meum, quo subderem cervicem leni jugo tuo, et humeros levi sarcinae tuae 3, Christe Jesu, adjutor meus et redemptor meus? Quam suave mihi subito factum est carere suavitatibus nugarum! et quas amittere metus fuerat, jam dimittere gaudium erat. Ejiciebas enim eas a me, vera tu et summa suavitas: ejiciebas, et intrabas pro eis omni voluptate dulcior, sed non carni et sanguini; omni luce clarior, sed omni secreto interior; omni honore sublimior, sed non sublimibus in se. Jam liber erat animus meus a curis mordacibus ambiendi et acquirendi, et volutandi atque scalpendi scabiem libidinum; et garriebam tibi claritati meae, et divitiis meis, et saluti meae Domino Deo meo.