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Works Augustine of Hippo (354-430) Confessiones

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Les confessions de Saint Augustin

CHAPITRE III. FAUSTUS. — AVEUGLEMENT DES PHILOSOPHES.

3. Je vais parler, en présence de mon Dieu, de la vingt-neuvième année de mon âge. Il y avait alors à Carthage un évêque manichéen, (396) nommé Faustus, grand lacet du diable, qui avait fait tomber plusieurs à l’appât de son éloquence. Tout en l’admirant, je savais néanmoins la distinguer des vérités que j’étais avide d’apprendre: et je regardais moins au vase du discours, qu’au mets de science que ce célèbre Faustus servait à mon esprit. Car sa réputation me l’avait annoncé comme riche en savoir et profond dans les sciences libérales.

Et comme j’avais lu un grand nombre de philosophes, et retenu leurs doctrines, j’en comparais quelques-unes avec ces longues rêveries des Manichéens, et je trouvais plus de probabilité aux sentiments, de ceux qui « ont pu pénétrer dans l’économie du monde, quoiqu’ils n’en aient jamais trouvé le Maître (Sag. XIII, 1). Car vous êtes grand, Seigneur, vous approchez votre regard des abaissements et vous l’éloignez des hauteurs (Ps CXXXVII, 6); » vous ne vous découvrez qu’aux coeurs contrits, et vous êtes impénétrable aux superbes; leur curieuse industrie sût-elle d’ailleurs le compte des étoiles et des grains de sable, la mesure de l’étendue céleste, eût-elle exploré la route des astres!

4. C’est par leur esprit, c’est par le génie que vous leur avez donné, qu’ils cherchent ces secrets; ils en découvrent beaucoup; ils annoncent plusieurs années d’avance les éclipses de soleil et de lune, et le jour, et l’heure, et le degré; et leur calcul ne les trompe pas, et il arrive selon leurs prédictions, et ils ont écrit les lois de leurs découvertes qu’on lit encore aujourd’hui, et qui servent a prédire quelle année, quel mois de l’année, quel jour du mois, quelle heure du jour, en quel point de son disque la lune ou le soleil doit subir une éclipse, et il arrivera comme il est prédit.

Et les hommes admirent, les ignorants sont dans la stupeur, et les savants se glorifient et s’élèvent. Et, dans leur superbe impie, ils se retirent de votre lumière; infaillibles prophètes des éclipses du soleil, ils ne se doutent pas. de celle qu’ils souffrent eux-mêmes à cette heure. Ils ne recherchent pas avec une pieuse reconnaissance de qui ils tiennent ce génie de recherche. Et. s’ils vous découvrent comme leur auteur, ils ne se donnent pas à vous, pour que vous conserviez votre ouvrage; et ils ne vous immolent pas l’homme qu’ils ont fait en eux, ils, ils ne vous offrent en sacrifice ni ces oiseaux de leurs téméraires pensées, ni ces monstres de leur curiosité qui leur font une voie secrète aux profondeurs de l’abîme, ni ces boucs de leurs impudicités, afin que votre feu, Seigneur, dévore toute cette mort palpitante, et les engendre à l’immortalité.

5. Mais ils ne savent pas la voie, votre Verbe, par qui vous avez fait tous les objets qu’ils nombrent, et eux-mêmes qui les nombrent, et le sens qui leur découvre ce qu’ils nombrent, et l’esprit qui leur donne la capacité de nombrer; « votre sagesse seule exclut le nombre (Ps. CXLVI, 5).» Et votre Fils unique s’est fait notre sagesse, notre justice et notre sanctification ( I Cor. I, 30) : il a été nombré parmi nous, il a payé le tribut à César (Matth. XXII, 21). Oh! ils ne savent pas cette voie qui fait descendre de soi-même vers lui, pour monter par lui jusqu’à lui! Ils ne savent pas cette voie, et ils se croient élevés et rayonnants comme les astres, et les voilà froissés contre terre; « et les ténèbres ont envahi la folie de leur cœur (Rom. I, 21)! » Ils disent sur la créature beaucoup de vérités, et ils ne cherchent pas avec piété la Vérité créatrice; c’est pourquoi ils ne la trouvent pas; ou s’ils la trouvent, « ils la reconnaissent pour Dieu, sans l’honorer comme Dieu, sans lui rendre grâces; mais ils se dissipent dans la vanité de leurs pensées, et ils se disent sages en s’appropriant ce qui est à vous, et, en retour, leur aveugle perversité vous attribue ce qui leur appartient; ils vous chargent de leurs mensonges, vous qui êtes la vérité; « ils transforment la gloire du Dieu incorruptible en la ressemblance et l’image de l’homme corruptible, des oiseaux, des quadrupèdes et des serpents; ils changent votre vérité en mensonge; ils adorent et servent la créature de préférence au Créateur (Rom. I, 21-25).»

6. Ces hommes, néanmoins, m’avaient révélé beaucoup de vérités naturelles, et j’en saisissais la raison par l’ordre et le calcul des temps, par les visibles témoignages des astres; et je comparais ces observations aux discours de Manès qui a écrit sur ce sujet de longues extravagances où je ne trouvais la raison ni des solstices, ni des équinoxes, ni des éclipses, ni d’aucun phénomène dont la philosophie du siècle avait su m’informer. Et j’étais tenu de croire à des rêveries en désaccord parfait avec les règles mathématiques et l’observation de mes yeux. (398)

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Confessiones (CSEL)

Caput 3

Proloquor in conspectu dei mei annum illum undetricensimum aetatis meae. iam venerat Carthaginem quidam Manichaeorum episcopus, Faustus nomine, magnus laqueus diaboli, et multi inplicabantur in eo per inlecebram suaviloquentiae. quam ego iam tametsi laudabam, discernebam tamen a veritate rerum, quarum discendarum avidus eram, nec quali vasculo sermonis, sed quid mihi scientiae comedendum adponeret nominatus apud eos ille Faustus intuebar. fama enim de illo praelocuta mihi erat, quod esset honestarum omnium doctrinarum peritissimus et adprime discplinis liberalibus eruditus. Et quoniam multa philosophorum legeram, memoriae que mandata retinebam, ex eis quaedam comparabam illis Manichaeorum longis fabulis: et mihi probabiliora ista videbantur, quae dixerunt illi, qui tantum potuerunt valere, ut possent aestimare saeculum, quamquam eius dominum minime invenerint. quoniam magnus es, domine, et humilia respicis, excelsa autem a longe agnoscis: nec propinquas nisi obtritis corde, nec inveneris a superbis, nec si illi curiosa peritia numerent stellas et harenam, et dimetiantur sidereas plagas, et vestigent vias astrorum. mente sua enim quaerunt ista et ingenio, quod tu dedisti eis, et multa invenerunt, et praenuntiaverunt ante multo annos defectus luminarium solis et lunae, quo die, qua hora, quanta ex parte futuri essent, et non eos fefellit numerus. et ita factum est, ut praenuntiaverunt; et scripserunt regulas indagatas, et leguntur hodie; atque ex eis praenuntiatur, quo anno et quo mense anni et quo die mensis et qua hora diei et quota parte luminis sui defectura sit luna vel sol: et ita fiet, ut praenuntiatur. et mirantur haec homines et stupent, qui nesciunt ea, et exultant atque extolluntur qui sciunt, et per impiam superbiam recedentes, et deficientes a lumine tuo, tanto ante solis defectum futurum praevident, et in praesentia suum non vident -- non enim religiose quaerunt, unde habeant ingenium, quo ista quaerunt -- et invenientes, quia tu fecisti eos, non ipsi se dant tibi, se, ut serves quod fecisti, et quales se ipsi fecerant occidunt se tibi, et trucidant exaltationes suas sicut volatilia, et curiositates suas sicut pisces maris, quibus perambulant secretas semitas abyssi, et luxurias suas sicut pecora campi, ut tu, deus, ignis edax, consumas mortuas curas eorum, recreans eos immortaliter. Sed non noverunt viam, verbum tuum, per quod fecisti ea quae numerant, et ipsos qui numerant, et sensum, quo cernunt quae numerant, et mentem, de qua numerant; et sapientiae tuae non est numerus. ipse autem unigenitus factus est nobis sapientia et iustitia et sanctificatio, et numeratus est inter nos, et solvit tributum Caesari. non noverunt hanc viam, qua descendant ad illum a se, et per eum ascendant ad eum. non noverunt hanc viam, et putant se excelsos esse cum sideribus et lucidos, et ecce ruerunt in terram, et obscuratum est insipiens cor eorum. et multa vera de creatura dicunt, et veritatem, creaturae artificem, non pie quaerunt, et ideo non inveniunt, aut si inveniunt, cognoscentes deum, non sicut deum honorant, aut gratias agunt, et evanescunt in cogitationibus suis, et dicunt se esse sapientes sibi tribuendo quae tua sunt, ac per hoc student perversimma caecitate etiam tibi tribuere quae tua sunt, mendacia scilicet in te conferentes, qui veritas es, et immutantes gloriam incorrupti dei in similitudinem imaginis corruptibilis hominis et volucrum et quadrupedem et serpentium, et convertunt veritatem tuam in mendacium, et colunt et serviunt creaturae potius quam creatori. Multa tamen ab eis ex ipsa creatura vera dicta retinebam, et occurebat mihi ratio per numeros et ordinem temporum et visibiles attestationes siderum, et conferebam cum dictis Manichaei, quae de his rebus multa scripsit copiosissime delitans, et non mihi occurrebat ratio nec solistitiorum et aequinoctiorum nec defectuum luminarium nec quidquid tale in libris saecularis sapientiae didiceram. ibi autem credere iubebar, et ad illas rationes numeris et occulis meis exploratas non occurrebat, et longe diversum erat.

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Les confessions de Saint Augustin
The Confessions of St. Augustin In Thirteen Books Compare
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Einleitung in die Confessiones
Prolegomena
The Opinion of St. Augustin Concerning His Confessions, as Embodied in His Retractations, II. 6
Translator's Preface - Confessions

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