CHAPITRE PREMIER LA CONFESSION DE NOS MISÈRES DILATE NOTRE AMOUR.
1. Eh quoi! ce que je vous dis, l’ignorez-vous donc, ô Dieu, possesseur de l’éternité? L’ignorez-vous, ou avez-vous besoin du temps, pour voir ce qui se passe dans le temps? Pourquoi donc vous présenter le cours et la suite de tant de choses? Non pour vous les apprendre, sans doute, mais pour susciter vers vous dans mon coeur et dans les coeurs qui me liront de nouvelles flammes, afin qu’un seul cri s’élève : « Le Seigneur est grand et infiniment digne de louanges (Ps. XCV, 4) »
Je l’ai dit, et je le dis encore; c’est l’amour de votre amour qui m’a suggéré cette pensée. Nous prions, et cependant la Vérité nous dit : « Votre Père sait ce qu’il vous faut, avant même que vous lui demandiez rien (Matth. VI, 8). » Ainsi la confession de nos misères et de vos miséricordes dilate notre amour pour vous; elle appelle sur nous cette grâce qui doit consommer notre délivrance et nous sortir de nous-mêmes, séjour de malheur, pour nous faire entrer en vous, souveraine béatitude. Car vous nous avez appelés à la pauvreté volontaire, à la douceur, à la faim et à la soif de la justice, à l’amour des larmes, et de la compassion, et de la pureté intérieure, et de la paix (Matth. V, 3-9). Et je vous ai tout raconté, suivant mes forces et ma volonté, car vous avez voulu le premier que j’élevasse jusqu’à vous, Seigneur mon Dieu, les louanges de votre bonté et de vos miséricordes éternelles (Ps. CXVII, 1).