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Two Books of Soliloquies

11.

A. Pardon me, however vehemently thou urge and argue, yet I dare not say that I wish so to know God as I know these things. For not only the objects of the knowledge, but the knowledge itself appears to be unlike. First, because the line and the ball are not so unlike, but that one science includes the knowl edge of them both: but no geometrician has ever professed to teach God. Then, if the knowledge of God and of these things were equivalent, I should rejoice as much to know them as I am persuaded that I should rejoice if God were known by me. But now I hold these things in the deepest disdain in comparison with Him, so that sometimes it seems to me that if I understood Him, and that in that manner in which He can be seen, all these things would perish out of my knowledge: since even now by reason of the love of Him they scarce come into my mind. R. Allow that thou wouldst rejoice more and much more in knowing God than in knowing these things, yet not by a different perception of the things; unless we are to say that thou beholdest with a different vision the earth and the serenity of the skies, although the aspect of this latter soothes and delights thee far more than of the former. But unless your eyes are deceived, I believe that, if asked whether you are as well assured that you see earth as heaven, you ought to answer yes, although you are not as much delighted by the earth and her beauty as by the beauty and magnificence of heaven. A. I am moved, I confess, by this similitude, and am brought to allow that by how much earth differs in her kind from heaven, so much do those demonstrations of the sciences, true and certain as they are, differ from the intelligible majesty of God.

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Les Soliloques

11.

A. Permets : quoique tu me presses vivement et même que tu m'aies convaincu, je n'ose cependant dire que je voudrais connaître Dieu comme je connais ces figures géométriques. Car je vois ici des différences, non-seulement dans les choses, mais dans la science même. D'abord une ligne et une sphère ne diffèrent pas tellement entre elles, qu'elles ne soient du ressort d'une même science. Mais aucun géomètre ne s'est vanté de faire connaître Dieu. Ensuite, si là science de Dieu et de ces vérités géométriques était la même, j'éprouverais autant de plaisir, en les connaissant, que j'espère en trouver quand je connaîtrai Dieu; et cependant je méprise tellement cette première science, en comparaison de celle de Dieu, qu'il me semble parfois que si je le comprends et le vois comme il peut l'être, toutes les autres connaissances s'effaceront de ma mémoire. Déjà son amour permet à peine à ces idées de se présenter à mon esprit. — L. R. Je conçois que tu éprouves beaucoup, beaucoup plus de plaisir dans la seule connaissance de Dieu que dans celle de ces autres vérités. Cette différence tient à la nature des choses conçues, non à l'intelligence qui conçoit; autrement tu n'aurais pas la même oeil pour voir la terre et l'étendue des cieux, puisque l'un de ces aspects te charme beaucoup plus que l'autre. Supposons que tes yeux ne te trompent pas; si on te demandait : Es-tu aussi certain de voir la terre que le ciel ? tu devrais répondre, je crois, que la certitude est égale, quoique tu n'éprouves pas la même joie à contempler la beauté de la terre que la grandeur et l'éclat du ciel. — A. Cette comparaison m'ébranle, je l'avoue, et me détermine à convenir, qu'autant la terre diffère du ciel dans son genre, autant les vérités certaines des mathématiques diffèrent de l'intelligible majesté de Dieu.