7.
Augustin. Je viens de prier Dieu. — La Raison. Que veux-tu donc savoir? — A. Tout ce que j'ai demandé. — L. R. Résume-le en peu de mots. — A. Je désire connaître Dieu et l'âme. — L. R. Ne désires-tu rien de plus? — A. Rien absolument. — L. R. Eh bien ! commence à chercher. Mais, auparavant, explique à quel point doit être portée cette connaissance de Dieu que tu désires, pour que tu puisses dire : cela me suffit. — A. J'ignore jusqu'à quel degré doit être portée cette connaissance pour que je puisse dire : cela me suffit, et je crois ne connaître rien comme je désire connaître Dieu. — L. R. Que faisons-nous donc? Ne crois-tu pas qu'il faut d'abord savoir quelle connaissance de Dieu te suffira pour que tu t'arrêtes dans tes recherches lorsque tu y seras parvenu? — A. Je le crois, mais je ne sais quel moyen employer. Qu'ai-je vu jamais de semblable à Dieu, et comment puis-je dire: je veux comprendre Dieu comme j'ai compris cet être? — L. R. Tu ne connais pas encore Dieu; et comment sais-tu que tu ne connais rien de semblable à Dieu? — A. Si je connaissais quelque être semblable à Dieu, sans doute je l'aimerais; mais je n'aime maintenant que Dieu et l'âme, et je ne connais ni l'un ni l'autre. — L. R. Tu n'aimes donc pas tes amis? — A. En aimant l'âme comment puis-je ne pas les aimer? — L. R. Tu aimes donc aussi jusqu'aux plus vils insectes? — A. J'ai dit que j'aimais l'âme et non pas les animaux. — L. R. Ou tes amis ne sont pas des hommes, ou tu ne les aimes pas; car tout homme est un animal, et tu viens de dire que tu n'aimes pas les animaux. — A. Mes amis sont des hommes et je les aime, non en tant qu'animaux, mais en tant qu'hommes, c'est-à-dire parce qu'ils possèdent une âme raisonnable, âme que j'aime même chez les voleurs. Il m'est permis, en effet, d'aimer la raison dans quelque être que ce soit, puisque je hais avec justice celui qui use mal de ce que j'aime. Aussi j'aime d'autant plus mes amis qu'ils font ou qu'ils désirent du moins faire meilleur usage de cette âme raisonnable.