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Works Augustine of Hippo (354-430) Contra Academicos

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Contre les Académiciens

9.

Je voudrais, dit Trygétius, que toi qui es notre juge, tu fisses attention à la définition que tu nous as donnée plus haut de la vie heureuse. Tu as dit en effet, que celui-là est heureux, qui vit selon cette partie de l'âme qui mérite de commander aux autres. — Et toi Licentius (car en vertu de cette liberté que la philosophie promet si hautement de nous garantir, j'ai secoué le joug de l'autorité), je veux que tu m'accordes maintenant que celui qui cherche la vérité n'est point parfait. — Après quelque temps de silence : Je ne l'accorde point, dit Licentius. — Pourquoi donc, reprit Trygétius? Explique- toi , je t'en prie , car je suis ici pour cela, et je désire savoir par quel moyen un homme peut être parfait et chercher encore la vérité. —J'avoue, répondit-il, que celui qui n'est point encore arrivé au terme, n'est point parfait. Je le crois néanmoins, Dieu seul connaît la vérité; peut-être encore l'âme la connaît-elle lorsqu'elle a abandonné la ténébreuse prison de ce corps. Quant à l'homme, sa fin est de chercher parfaitement la vérité : car si nous cherchons un homme parfait, après tout c'est un homme. L'homme, reprit Trygétius , ne saurait donc être heureux ? Comment le serait-il en effet,, puisqu'il ne peut arriver au terme qu'il désire le plus ardemment? Or, il est certain que l'homme peut vivre heureux, puisqu'il peut vivre en obéissant à cette partie de son âme qui doit commander en lui. Donc il peut trouver la vérité. Ou bien, il faut qu'il se replie sur lui-même, qu'il abandonne le désir de la vérité, pour ne devenir pas nécessairement malheureux , dans l'impuissance d'y parvenir. Mais voilà le vrai bonheur de l'homme, dit alors Licentius, il consiste à chercher parfaitement la vérité : c'est là parvenir à la fin de l'homme puisqu'on ne peut aller au delà. Donc, celui qui ne cherche pas la vérité avec toute l'ardeur nécessaire, n'atteint pas la fin de l'homme: mais celui qui s'occupe de chercher la vérité autant que l'homme peut -et doit le faire, celui-là est heureux, quand même il ne la trouverait pas, car il fait tout ce pourquoi il est né. S'il n'arrive pas à son but, il né lui manque que ce que la nature lui a refusé. Enfin, puisqu'il faut que l'homme soit heureux ou malheureux, n'est-ce point erreur et folie que d'appeler malheureux celui qui passe les jours et les nuits à chercher la vérité autant qu'il le peut? il est donc heureux. J'ajoute que la définition qu'on a donnée du bonheur me sert admirablement. En effet, si celui-là est heureux, et c'est incontestable, qui vit en obéissant à cette partie de son âme qui doit commander aux autres, et si cette partie de l'âme s'appelle raison, celui-là, je le demande, ne vit-il pas selon la raison, qui cherche parfaitement la vérité? S'il est absurde de le nier, pourquoi hésiter encore à déclarer un homme heureux, seulement parce qu'il cherche la vérité?

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Contra Academicos (PL)

9.

Hic Trygetius: Volo attendas, ait, tu judex noster, quemadmodum superius beatam vitam definieris: dixisti namque eum beatum esse, qui secundum eam partem animi vivit, quam caeteris convenit imperare. Tu autem, Licenti, volo vel nunc mihi concedas (jam enim libertate, in quam maxime nos vindicaturam se philosophia pollicetur, jugum illud auctoritatis excussi), perfectum non esse qui adhuc veritatem requirat. Tum ille post diuturnum silentium: Non concedo, inquit. Et Trygetius: Cur, quaeso? explica. Isthic sum enim, et aveo audire, quo pacto possit et perfectus homo esse, et adhuc quaerere veritatem. Hic ille: Qui ad finem inquit, non pervenit, fateor quod perfectus non sit. Veritatem autem illam solum Deum nosse arbitror, aut forte hominis animam, cum hoc corpus, hoc est tenebrosum carcerem, dereliquerit. Hominis autem finis est, perfecte quaerere veritatem: perfectum enim quaerimus, sed tamen hominem. Et Trygetius: Non igitur potest beatus esse homo. Quomodo enim; cum id quod magnopere concupiscit, assequi [Col. 0911] nequeat? Potest autem homo beate vivere, siquidem potest secundum eam partem animi vivere quam dominari in homine fas est. Potest igitur verum invenire. Aut colligat se, et non concupiscat verum, ne cum id assequi non potuerit, necessario miser sit. At hoc ipsum est beatum hominis, ait ille, perfecte quaerere veritatem: hoc est enim pervenire ad finem, ultra quem non potest progredi. Quisquis ergo minus instanter quam oportet veritatem quaerit, is ad finem hominis non pervenit: quisquis autem tantum quantum homo potest ac debet, dat operam inveniendae veritati, is etiamsi eam non inveniat, beatus est; totum enim facit, quod ut faciat, ita natus est. Inventio autem si defuerit, id deerit quod natura non dedit. Postremo cum hominem necesse sit aut beatum esse aut miserum, nonne dementis est eum qui dies noctesque quantum potest instat investigandae veritati, miserum dicere? Beatus igitur erit. Deinde illa definitio mihi, ut arbitror, uberius suffragatur: nam si beatus est, sicuti est, qui secundum eam partem animi vivit, quam regnare caeteris convenit, et haec pars ratio dicitur; quaero utrum non secundum rationem vivat, qui quaerit perfecte veritatem? Quod si absurdum est, quid dubitamus beatum hominem dicere sola ipsa inquisitione veritatis?

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