Übersetzung
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De l'immortalité de l'âme
11.
Ainsi cette union de l'esprit qui aperçoit et du vrai qui est aperçu existe nécessairement de l'une des trois manières suivantes. Ou bien l'âme est le sujet, et la vérité réside dans le sujet ; ou au contraire, la vérité est le sujet et c'est l'âme qui est dans ce sujet; ou enfin l'âme et la vérité sont l'une et l'autre substances. Si l'on admet la première de ces alternatives, l'âme est immortelle comme la raison, puisque nous avons établi plus haut que cette dernière ne peut résider que dans un sujet vivant. Dans la seconde, même nécessité; car si cette vérité que l'on appelle raison n'a rien de muable, comme il est évident, ce qui existe en elle comme dans un sujet. ne peut être exposé à aucun changement. Toute la controverse se borne donc à la troisième alternative.
En effet, si l'âme est une substance et si la raison à laquelle elle s'unit est elle-même une substance , on pourra penser sans absurdité que la raison subsistant, l'âme cesse d'exister. Mais il est évident que l'âme- ne peut- cesser d'exister ni de vivre tant qu'elle ne sera point séparée de la raison, et qu'elle lui restera unie. Or, quelle force pourrait la séparer de la raison? Sera-ce la force corporelle, dont la puissance est inférieure à la sienne, dont l'origine est moins élevée, et la nature bien différente ? Nullement. Sera-ce la force d'une autre âme? Comment pourrait-elle y parvenir ? Est-ce qu'une âme plus puissante est incapable de contempler la raison si elle n'arrache une autre âme à cette contemplation ? Mais lors même que tous les hommes voudraient contempler la raison, la raison peut se livrer à chacun d'eux; et puisqu'il n'y a rien de plus puissant que la raison, par là même qu'il n'y a rien de plus immuable, une âme qui ne lui est pas encore unie ne peut d'aucune manière être plus puissante que celle qui lui est unie. II ne reste plus qu'à examiner si c'est la raison elle-même qui repousse l'âme, ou si c'est l'âme qui se sépare volontairement de la raison. Mais il n'y a rien dans la nature de la raison qui ressemble à la jalousie et qui puisse la porter à priver l'âme de sa jouissance. Ensuite plus elle a d'être, plus elle en communique à qui lui est uni ; ce qui est le contraire de la mort. Il ne serait pas trop absurde de dire que l'âme se sépare volontairement de la raison, s'il pouvait y avoir séparation pour les êtres qui ne sont pas contenus dans un lieu1. On peut appliquer cette réponse aux objections précédentes, auxquelles nous avons opposé d'autres arguments.
Que conclure de tout ceci ? Pouvons-nous établir déjà que l'âme est immortelle, ou bien peut-elle être anéantie, quoiqu'elle ne puisse être séparée de la raison ? Mais si cette force de la raison agit sur l'âme qui lui est unie, et il est impossible qu'elle n'agisse pas sur elle, il en résulte certainement qu'elle lui communique l'être. Car l'être appartient surtout à la raison où se révèle en même temps la plus grande immutabilité. Aussi, elle force en quelque sorte à l'existence l'âme sur laquelle elle agit par elle-même. L'âme ne peut donc être anéantie, à moins d'être séparée de la raison, mais elle ne peut en être séparée, comme nous venons de le prouver : elle ne peut donc périr.
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Rét. liv. 1, ch. V, n. 2. ↩
Edition
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De immortalitate animae (PL)
11.
Quare ista conjunctio intuentis animi, et ejus veri quod intuetur, aut ita est ut subjectum sit animus, verum autem illud in subjecto; aut contra subjectum verum, et in subjecto animus; aut utrumque substantia. Horum autem trium si primum est, tam est immortalis animus quam ratio, secundum superiorem disputationem, quod inesse illa nisi vivo non potest. Eadem necessitas in secundo est. Nam si verum illud quod ratio dicitur, nihil habet commutabile sicut apparet; nihil commutari potest quod in eo tanquam in subjecto est. Remanet igitur omnis pugna de tertio. Nam si animus substantia est, et substantia ratio cui conjungitur; non absurde quis putaverit fieri posse, ut manente illa hic esse desinat. Sed manifestum est quamdiu animus a ratione non separatur eique cohaeret, necessario eum manere atque vivere. Separari autem qua tandem vi potest? Num corporea, cujus et potentia infirmior, et origo inferior, et ordo separatior? Nullo modo. Animali ergo? Sed etiam in quo modo? An alter animus potentior quisquis est, contemplari rationem non potest, nisi alterum inde separaverit? At neque ratio cuiquam contemplanti defuerit, si omnes contemplentur: et cum nihil sit ipsa ratione potentius, qua nihil est incommutabilius; nullo pacto erit animus nondum rationi conjunctus, eo qui est conjunctus potentior. Restat ut aut ipsa ratio a se ipsum separet, aut ipse animus ab ea voluntate separetur. Sed nihil est in illa natura invidentiae, quominus fruendam se animo praebeat. Deinde quo magis est, eo quidquid sibi conjungitur facit ut sit, cui rei contrarius est interitus. Voluntate autem animum separari a ratione non nimis absurde quis diceret, si ulla ab invicem separatio posset esse rerum quas non continet locus. Quod quidem dici adversus omnia superiora potest, quibus alias contradictiones opposuimus. Quid ergo? Jamne concludendum est, animum [Col. 1027] esse immortalem? an etiamsi separari non potest, exstingui potest? At si illa rationis vis ipsa sua conjunctione afficit animum; neque enim non afficere potest; ita profecto afficit ut ei esse tribuat. Est enim maxime ipsa ratio, ubi summa etiam incommutabilitas intelligitur. Itaque eum quem ex se afficit, cogit esse quodammodo. Non ergo exstingui animus potest, nisi a ratione separatus; separari autem non potest, ut supra ratiocinati sumus: non potest igitur interire.