Traduction
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Traité de la musique
18.
Le M. Il s'agit maintenant de déterminer comment se mesure le silence. Dans ce mètre nous rencontrons un bacchius après le choriambe : l'oreille, s'apercevant qu'il manque un temps au bacchius pour former un pied de six temps analogue au choriambe, a exigé , à la reprise, un silence d'une durée égale à celle d'une syllabe brève. Mais supposons que le choriambe soit suivi d'un spondée: avant de revenir au commencement, il nous faudra observer un silence de deux temps. Tel serait ce mètre :
Quae canitis fontem.
Tu comprends bien, sans doute, la nécessité de ce silence, pour éviter toute inégalité dans le battement de la mesure en revenant au commencement du mètre. Pour apprécier par toi-même quelle est la valeur du silence, ajoute à ce mètre une syllabe longue
Quae canitis, fontem vos;
Reprends-le en battant la mesure. Tu vas voir que le battement a la même durée que dans le mètre précédent, où le choriambe n'étant suivi que de deux longues, il fallait y ajouter un silence de deux temps. Le choriambe est-il suivi d'un iambe, comme dans ce mètre :
Quae canitis, locos?
Le silence doit être de trois temps. Pour le vérifier, on peut ajouter à l'iambe un autre iambe, un trochée ou un tribraque et dire par exemple
Quae canitis locos bonos,
Ou:
Quae canitis locos monte ;
Ou enfin :
Quae canitis locos nemore
Avec ce complément, la reprise se fait sans silence d'une façon aussi égale qu'agréable, et le battement dure aussi longtemps que les trois silences; c'est donc une preuve évidente qu'il fallait observer un silence de trois temps: On pourrait placer une longue après le choriambe : le silence devrait alors renfermer quatre temps. Car le choriambe, dans ce cas, peut se diviser de façon que le levé et le posé se correspondent dans un rapport de 1 à 2. Prenons pour exemple :
Qua canitis res.
Ajoutes-y soit deux longues, soit une longue et deux brèves, soit une brève et une longue suivie d'une brève, soit deux brèves et une longue, ou enfin quatre brèves: tu auras un pied de six temps qui n'exigera aucun silence avant la reprise; par exemple:
Quae canitis res pulchras
Ou:
Quae canitis res in bona,
Ou:
Quae canitis res bonumve,
Ou :
Quae canitis res teneras,
Ou enfin :
Quae canitis res modo bene.
Ce principe compris et reconnu, tu vois sans peine qu'aucun silence ne peut être moindre qu'un temps ni plus considérable que quatre temps. C'est une conséquence du principe de cette progression régulière dont il a été question tant de fois; et dans aucun pied le levé et le posé ne peuvent dépasser quatre temps.
Edition
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De musica (PL)
18.
M. Video jam nos quaerere debere ipsius silentii modum: namque in hoc metro, ubi post choriambum bacchium comperimus, quia unum tempus deest ut sex temporum esset sicut choriambus, facillime id aures senserunt, et in repetitione tanti spatii silentium interponere coegerunt, quantum syllaba occuparet brevis: at si post choriambum locetur spondeus, duo nobis tempora cum silentio peragenda sunt ad caput redeuntibus, veluti hoc est, Quae canitis fontem. Nam te sentire jam credo silendum esse, ut cum redimus ad caput, plausus non claudicet. Sed ut experiri queas quanta silentii hujus mensura sit, adde unam syllabam longam, ut fiat, Quae canitis fontem vos; atque hoc cum plausu repete: videbis tantum occupare temporis plausum, quantum in superiore occupabat, cum ibi duae longae post choriambum, hic tres sint locatae. Unde apparet duum ibi temporum interponi silentium. At si post choriambum iambus locetur, sicut hoc est, Quae canitis locos, tria tempora silere cogimur: quod ut exploretur, adduntur sive per alterum iambum, sive per chorium, sive per tribrachum ut sit ita: Quae canitis locos bonos: aut, Quae canitis locos monte: aut, Quae canitis locos nemore. His enim additis, cum sine silentio jucunda et aequabilis repetitio movet, et plausu adhibito tantum spatii haec tria singula tenere inveniuntur, quantum illud in quo silebamus, manifestum fit trium temporum ibi esse [Col. 1126] silentium. Potest post choriambum una syllaba longa constitui, ut quatuor tempora sileantur. Nam etiam sic choriambus dividi potest, ut simplo et duplo levatio sibi positioque conveniant. Hujus metri exemplum est, Quae canitis res. Cui si addas vel duas longas, vel longam et duas breves, vel brevem et longam et brevem, vel duas breves et longam, vel quatuor breves, implebis sex temporum pedem, ut nullo desiderato silentio repetatur. Talia sunt, Quae canitis res pulchras, Quae canitis res in bona, Quae canitis res bonumve, Quae canitis res teneras, Quae canitis res modo bene. Quibus cognitis atque concessis, credo tibi jam satis apparere, nec minus uno tempore sileri posse, nec plus quatuor temporibus sileri oportere. Nam et ipsa est illa, de qua jam multa dicta sunt, moderata progressio; et in omnibus pedibus nulla levatio aut positio amplius quam quatuor occupat tempora.