Übersetzung
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Traité de la musique
44.
Le M. Et qu'y a-t-il donc de facile? Est-ce d'aimer les couleurs, le chant, les mets délicats, les roses, les objets moelleux et polis? Quoi ! il est facile à l'âme d'aimer des objets où elle cherche uniquement l'harmonie et la proportion, et qui ne lui offrent, si elle les considère avec un peu d'attention, qu'une ombre et une trace fugitive de ces beautés; et il lui serait difficile d'aimer Dieu en qui sa faible pensée, toute corrompue et tout altérée, ne peut apercevoir aucune disproportion , aucun changement, aucune limite dans l'espace, aucune succession dans le temps? Trouvera-t-elle son bonheur à élever de magnifiques édifices, à développer son activité dans des oeuvres de ce genre? Mais si l'harmonie la charme dans de pareilles oeuvres , et je n'y vois pas une autre cause de plaisir, quelle beauté de proportion et d'ensemble y trouverait-elle qui ne soit ridicule au point de vue du pur idéal ? Et s'il en est ainsi , pourquoi se laisse-t-elle tomber de ce véritable centré de l'harmonie à ces misères, et élève-t-elle avec ses propres débris des ouvrages de boue ? Telle n'est pas la promesse de Celui qui ne sait pas tromper : « Mon joug, dit-il , est léger1. » L'amour du monde entraîne plus de peines: car les biens que l'âme y cherche, je veux dire l'immuable et l'éternel, elle ne les y trouve pas ; car cette infime beauté du monde n'existe que par le mouvement des choses et ce qui offre en elle l'apparence de l'immutabilité , lui vient de Dieu par l'âme; par l'âme qui,- ne changeant qu'avec le temps, prime le monde qui change avec le temps et les lieux2. C'est pourquoi, si, le Seigneur a prescrit aux âmes ce qu'elles doivent aimer, l'apôtre Jean leur a prescrit ce qu'elles doivent haïr: « N'aimez pas le monde, « parce que tout ce qui est dans le monde est concupiscence de la chair, concupiscence des yeux et vanité du siècle3. »
Edition
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De musica (PL)
44.
M. Quid ergo facile est? an amare colores, et voces, et placentas, et rosas, et corpora leniter mollia? haeccine amare facile est animae, in quibus nihil nisi aequalitatem ac similitudinem appetit, et paulo diligentius considerans, vix ejus extremam umbram vestigiumque cognoscit; et Deum amare difficile est, quem in quantum potest, adhuc saucia et sordida cogitans, nihil in eo inaequale, nihil sui dissimile, nihil disclusum locis, nihil variatum tempore suspicatur? An exstruere moles aedificiorum, et hujuscemodi operibus delectat extendi, in quibus si numeri placent (non enim aliud invenio) quid in his aequale ac simile dicitur, quod non derideat ratio disciplinae? Quod si ita est, cur ab illa verissima aequalitatis arce ad ista delabitur, et ruinis suis terrenas machinas erigit? Non hoc promissum est ab illo qui fallere ignorat. Jugum enim meum, inquit, leve est 1. Laboriosior est hujus mundi amor. Quod enim in illo anima quaerit, constantiam scilicet aeternitatemque, non invenit: quoniam rerum transitu completur infima pulchritudo, et quod in illa imitatur constantiam, a summo Deo per animam trajicitur: quoniam prior est species tantummodo tempore commutabilis, quam ea quae et tempore et locis. Sicut itaque praeceptum est animis a Domino quid diligant, ita per Joannem apostolum quid non diligant. Nolite, inquit, diligere mundum: quia omnia quae in mundo sunt, concupiscentia carnis est, et concupiscentia oculorum, et ambitio saeculi 2.