Traduction
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Traité de la musique
3.
Le M. Ce qui va suivre? Ne devons-nous pas, dis-moi, commencer par comparer les syllabes entre elles, et voir quels en sont les rapports numériques,comme nous l'avons déjà fait à propos des mouvements? Or, tout ce qui sonne est en mouvement et les syllabes sont sonores. Peux-tu rien contester? — L’E. Non. — Le M. Donc comparer des syllabes, c'est comparer des mouvements où les rapports numériques de temps peuvent se convertir en mesures de la durée. — L’E. C'est cela. — Le M. Une seule syllabe peut-elle se comparer à elle-même? Sauf contradiction de ta part, l'unité n'exclut-elle pas toute comparaison? L’E. Je ne contredis pas. — Le M. Nieras-tu que l'on puisse comparer une syllabe à une autre, une ou deux syllabes a deux, à trois ou à un plus grand nombre? — L’E. Comment le nier? — Le M. Remarque encore que toute syllabe brève, qui ne demande qu'une seconde pour être prononcée, et dont le son se perd immédiatement, dure néanmoins quelque temps et exige un moment si court qu'il soit. — L’E. Cela est nécessaire. — Le M. Par où pourrions-nous commencer à compter? — L’E. Eh ! par un. — Le M. On peut donc, sans inconvénient, appeler avec les anciens un temps, la durée que remplit une syllabe brève : car nous allons de la brève à la longue. — L’E. C'est vrai. — Le M. Cette observation en amène une autre : Si dans les nombres la première progression est de 1 à 2, dans les syllabes où l'on va de la brève à la longue, la longue doit comprendre deux temps; par conséquent, si la durée que comprend une brève est bien désignée par un temps, celle que comprend une longue sera fort bien exprimée par deux temps. — L’E. A merveille ! Rien de plus conforme à la raison, je l'avoue.
Edition
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De musica (PL)
3.
M. Quae putas, nisi ut incipiamus sibimet syllabas comparare, et videre quos numeros ad sese habeant; sicut de motibus jam inter nos tam longa superius ratione tractatum est? In motu est enim etiam omne quod sonat; et syllabae utique sonant: an quidquam horum negari potest? D. Nullo modo. M. Cum ergo inter se syllabae conferuntur, motus quidam inter se conferuntur, in quibus possint numeri quidam temporis mensura diuturnitatis inquiri. D. Ita est. M. Num igitur potest sibi una syllaba comparari? Nam omnem comparationem, nisi tu aliud putes, singularitas fugit. D. Nihil puto aliud. M. Quid? una uni, aut una vel duae duabus vel tribus, et deinceps in pluribus, quin possint sibimet conferri, num negas? D. Quis hoc negaverit? M. Rursus hoc vide, quamlibet syllabam brevem minimeque diu pronuntiatam, et mox ut eruperit desinentem, occupare tamen in tempore [Col. 1102] aliquid spatii, et habere quamdam morulam suam. D. Video necesse esse quod dicis. M. Dic nunc, unde numerum exordiamur. D. Ab uno scilicet. M. Non absurde igitur hoc in tempore quasi minimum spatii, quod brevis obtinet syllaba, unum tempus veteres vocaverunt: a brevi enim ad longam progredimur. D. Verum est. M. Sequitur jam, ut illud quoque animadvertas, quoniam ut in numeris ab uno ad duo est prima progressio; ita in syllabis, qua scilicet a brevi ad longam progredimur, longam duplum temporis habere debere: ac per hoc si spatium quod brevis occupat, recte unum tempus vocatur; spatium item quod longa occupat, recte duo tempora nominari. D. Recte prorsus: nam id rationem postulare consentio.