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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) De musica

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Traité de la musique

14.

Le M. Je vais le faire: mais as-tu bien compris quelle est, dans le système des pieds, l'importance de cette progression jusqu'au quaternaire, d'après ce que nous avons établi dans les nombres? — L’E. Oui, et j'approuve cette progression dans les uns comme dans les autres. — Le M. Eh bien! si on a formé les pieds en combinant les syllabes, ne pourrait-on, en combinant les pieds, former un certain assemblage qui ne devrait plus être désigné sous le nom de syllabe ou de pied? — L’E. Je le crois assurément. — Le M. Et quel sera cet assemblage ? — L’E. Un vers, j'imagine. — Le M. Eh bien ! Supposons que quelqu'un s'avise de combiner des pieds sans s'imposer de mesure ni de fin, à moins d'être arrêté par une extinction de voix ou quelqu'autre accident, ou même par la nécessité de passer à un autre exercice, donnerais-tu le nom de vers à cet assemblage de vingt, trente, cent pieds ou davantage, selon la fantaisie ou la facilité de celui qui aurait formé cette série indéfinie ? — L’E. Non certes : il ne suffira pas que je voie des pieds mêlés entre eux indistinctement ou placés sans fin à la file les uns des autres pour appeler vers ce pêle-mêle: une théorie doit apprendre l'espèce et le nombre des pieds nécessaires pour faire un vers, et c'est d'après elle que je pourrais juger si c'est bien un vers qui a frappé mon oreille. — Le M. Quelle que soit cette théorie, elle a dû établir non sur un caprice, mais sur un principe, les règles et la mesure qu'elle a imposées au vers.-L’E. Puisqu'il s'agit de théorie, il ne doit, il ne peut y avoir place pour la fantaisie. — Le M. Cherchons donc, si tu veux bien, et tâchons de trouver ce principe: à ne considérer que la tradition, un vers sera ce qu'il aura pris fantaisie d'appeler ainsi à je ne sais quel Asclépiade, à Archiloque, à Sapho, et autres poètes de l'antiquité, dont on a donné les noms à certaines espèces de vers, parce qu'ils ont découvert et mis en oeuvre ces formes poétiques. Il est des vers en effet qui portent le nom d'Asclépiade, d'Archiloquien, de Saphique, et mille autres noms de poètes que les Grecs ont donnés aux vers de différents genres. D'où il semblerait résulter qu'en arrangeant des pieds de telle façon et en tel nombre qu'on Voudra, on pourrait à bon droit, si personne n'a encore imaginé cette combinaison, être appelé le créateur et le propagateur d'un vers nouveau. Interdirait-on ce privilège au premier venu ? Alors on aurait le droit de se plaindre et de demander quel a été le mérite de ces poètes qui, sans être guidés par aucun principe, auraient combiné à leur gré tels ou tels pieds et auraient réussi à faire considérer comme vers un pareil assemblage et à lui en donner le nom. N'es-tu pas de cet avis? — L’E. Ce que tu dis est fort juste; je comprends avec toi que le vers est une création de la raison plutôt que de l'autorité: mais comment? examinons-le, je t'en prie.

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De musica (PL)

14.

M. Faciam: sed satisne considerasti progressionem istam usque ad quaternarium numerum, quae in ipsis numeris demonstrata est, quantum in his etiam pedibus valet? D. Ita sane in his ut in illis hanc progrediendi rationem probo. M. Quid illud? nonne ut contextis syllabis pedes facti sunt, ita etiam contextis pedibus aliquid fieri posse existimandum est, quod jam neque syllabae neque pedis nomine censeatur? D. Omnino existimo. M. Quid tandem id putas esse? D. Versum arbitror. M. Quid si perpetuo contexere quispiam pedes aliquos velit, ita ut eis modum ac finem non imponat, nisi aut defectus vocis, aut aliquis alius casus interpellans, aut temporis ratio ad aliud aliquid transeundi? etiamne versus a te nominabitur, habens vel viginti vel triginta vel centum etiam sive amplius pedes, ut voluerit ac potuerit ille qui eos quamlibet longa perpetuitate contexit? D. Non ita est: neque enim aut ubi pedes quoslibet quibuslibet permixtos animadvertero, aut per infinitam longitudinem multos connexos, versum appellabo; sed et genus et numerum pedum, id est qui et quot pedes versum conficiant aliqua disciplina consequi, et ex ea judicare potero, utrum versus aures meas pepulerit. M. At haec quaecumque est disciplina, versibus regulam et modum non utique ut libitum est, sed aliqua ratione constituit. D. Non enim aliter, siquidem disciplina est, aut oportebat, aut poterat. M. Hanc ergo rationem investigemus, et assequamur, si placet: nam si auctoritatem solam intueamur, is erit versus, quem versum dici voluit Asclepiades nescio qui, aut Archilochus, poetae scilicet veteres, aut Sappho poetria, et caeteri, quorum etiam nominibus versuum genera vocantur, quae primi animadvertentes cecinerunt. Nam et Asclepiadaeus versus dicitur, et Archilochius et Sapphicus, et alia sexcenta auctorum vocabula Graeci versibus diversi generis indiderunt. Ex quo non absurde cuipiam videri potest, quod si quis ut volet, pedes quot volet, et quos volet ordinaverit, quia nemo ante ipsum hunc ordinem ac mensuram pedibus constituerit, recte ac jure conditor novi generis versuum propagatorque dicetur. Aut si haec licentia intercluditur homini, cum conquestione quaerendum est quid [Col. 1108] tandem illi meruerunt, si nullam rationem secuti, connexionem pedum quos illis connectere placuit, versum appellari haberique fecerunt. An tibi aliter videtur? D. Ita vero est ut dicis, et prorsus assentior, ratione potius quam auctoritate versum esse generatum, quam peto jamjamque videamus.

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