27.
Mais celui qui demande et redemande à Dieu cette chose unique 1,le fait avec certitude et sécurité ; il ne craint pas qu'il lui nuise d'être exaucé, parce que, sans ce bien auquel il aspire , tout ce qu'il pourrait demander en priant ne servirait de rien. Ce bien, c'est la seule vraie et heureuse vie; il faut que, devenus immortels et incorruptibles de corps et d'esprit, nous contemplions éternellement les délices du Seigneur ; c'est pour cette unique chose qu'il est permis de demander le reste. Celui qui l'aura aura tout ce qu'il voudra et ne pourra rien désirer que de bon. Car là est la source de vie ; il faut dans la prière que nous en ayons soif, tant que nous vivons en espérance saris voir encore ce que nous espérons ; tant que nous sommes protégés par les ailes de celui en présence de qui tous nos désirs tendent à s'enivrer de l'abondance de sa maison et à se plonger dans le torrent de ses délices ; oui, c'est en lui qu'est la source de la vie et c'est dans sa lumière que nous verrons la lumière 2 quand toutes nos aspirations seront rassasiées, quand il n'y aura plus rien à chercher en gémissant, et que nous n'aurons qu'à rester en possession de nos joies. Cependant, comme ce bien unique est la paix qui surpasse tout entendement, nous ne savons pas non plus le demander comme il faut dans nos prières, car ce que nous ne pouvons pas nous représenter comme cela est, nous ne le connaissons pas; mais nous rejetons, nous méprisons, nous condamnons toute image qui s'en offre à notre pensée; nous reconnaissons que ce n'est pas ce que nous cherchons, quoique nous ne sachions pas encore ce que c'est.