3.
Puis vous m'avez écrit, et après cet aveu d'ignorance, vous voulez que je reconnaisse ce qu'on attend de moi. Vous ajoutez « que ma renommée est intéressée à la solution de ces questions obscures, que l'ignorance peut se tolérer en d'autres prêtres sans dommage pour la religion, mais que, si on vient à me consulter, moi évêque, on sera fondé à croire que tout ce que je ne sais pas n'est point dans la loi. » Laissez d'abord, je vous en prie, laissez cette opinion que vous avez prise si aisément de moi; tout bienveillants qu'ils soient pour moi, renoncez, renoncez à ces sentiments; si vous m'aimez comme je vous aime, croyez-moi plus que tout autre sur ce qui me touche. Telle est la profondeur des lettres chrétiennes, que j'y découvrirais chaque jour de nouvelles choses, lors même qu'avec un meilleur génie et avec l'application la plus soutenue j'y aurais consacré tout mon temps depuis ma première enfance jusqu'à l'extrême vieillesse; on ne rencontre pas ces grandes difficultés pour arriver à comprendre ce qui est nécessaire au salut; mais après que chacun y a vu sa foi, sans laquelle il n'y a ni piété ni bonne vie, il reste à pénétrer, à mesure qu'on avance, tant de choses obscurcies par les ombres des mystères; une si profonde sagesse est cachée, non-seulement dans les paroles des Ecritures, mais encore dans ce qu'elles expriment, que les esprits les plus pénétrants, les plus désireux d'apprendre et qui ont passé le plus d'années à cette étude, éprouvent la vérité de ce mot de la même Ecriture : « Lorsque l'homme croira avoir fini, il ne fera que commencer 1. »
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Ecclési. XVIII, 6. ↩