14.
Je crois en effet qu'on demande au Christ ce qu'il n'a pas dû faire après s'être revêtu de notre humanité. Car « le Verbe était au commencement, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu, et toutes choses ont été faites par lui 1. » Après s'être uni à l'homme, aurait-il dû créer un autre monde, pour que nous crussions que c'était par lui que le monde avait été créé? Mais la création d'un monde plus grand ou égal à celui-ci, n'était pas possible en ce monde; s'il en avait fait un moindre au-dessous de celui-ci, on aurait jugé que c'était peu pour un Dieu. Et parce qu'il ne fallait pas qu'il créât un monde nouveau, il a fait dans le monde des choses nouvelles. Car un homme né d'une vierge, ressuscité d'entre les morts pour vivre éternellement, et élevé au-dessus des cieux, c'est là peut-être une oeuvre plus puissante que la création du monde. On répondra qu'on ne croit pas à ces miracles. Que faire donc avec des hommes qui dédaignent des miracles moindres et refusent leur foi à de plus grands? On veut bien croire que le Christ ait ressuscité des morts, parce que d'autres l'ont fait et que c'est peu pour un Dieu; on ne croit pas à une chair née d'une vierge et élevée au-dessus des cieux, après être sortie de la mort, pour la vie éternelle, parce que cela ne s'était jamais vu et qu'il n'appartient qu'à Dieu d'opérer de tels prodiges. Chacun acceptera ce qui lui paraîtra le plus aisé, non à faire, mais à comprendre; on tiendra pour faux tout le reste: ne faites pas ainsi, je vous en prie.
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Jean, I, 1 ↩