36.
« Des veaux m'ont entouré en grand nombre; » cela s'entend du bas peuple. « Des taureaux gras m'ont attaqué; » cela s'entend des orgueilleux et des riches, chefs du peuple.
« Ils ont ouvert contre moi leur bouche, » « criant : Crucifiez. le, crucifiez-le 1 ! » Ils étaient « comme un lion ravissant et rugissant; » car, après avoir saisi le Christ, ils l'ont entraîné chez le gouverneur, et ils ont rugi en demandant sa mort. « J'ai été répandu comme de l'eau: » comme pour faire tomber les persécuteurs qui se précipitaient sur moi. « Tous -nies os ont été dispersés: » que sont les os sinon les soutiens du corps? Or, le corps du Christ, c'est l'Eglise : et quels sont les soutiens de l'Eglise, sinon les apôtres qui, ailleurs, en sont appelés les colonnes s? Les apôtres se dispersèrent quand on conduisait leur Maître à la croix, après qu'il eut souffert et qu'il fut mort. « Mon cœur s'est fondu comme de la cire au milieu de mes entrailles.2» Il est difficile de trouver comment ceci petit se rapporter à notre chef, qui a été le Sauveur de son propre corps. II faut un bien grand effroi pour que le cœur de l'homme se fonde comme de la cire: comment un sentiment pareil se serait-il rencontré en celui qui avait le pouvoir de quitter et de reprendre la vie? Mais, certainement, ou bien le Christ a représenté les infirmités des siens, soit de ceux qui ont peur de la mort, comme Pierre lui-même qui renia coup sur coup son Maître après des assurances si présomptueuses, soit de ceux qu'une tristesse salutaire accable, comme ce même Pierre quand il pleura amèrement; car la tristesse fait connue fondre le coeur; et c'est pourquoi on l'appelle, dit-on, lupe 3 en grec. Ou bien le Christ a voulu nous faire entendre ici quelque chose de mystérieux et de profond, et nous désigner sous le nom de son cœur ses divines Ecritures; c'est là qu'était caché ce qui s'est révélé, quand par sa passion, il a accompli les prophéties; son avènement, sa naissance, sa passion, sa résurrection, sa glorification sont comme autant de points de ses Ecritures qui ont eu leur solution; qui ne comprend ces choses dans les prophètes, lorsqu'elles sont entrées même dans l'esprit de la multitude charnelle? Peut-être le Christ la désigne-t-il par ses entrailles: il lui donne ainsi dans son corps, qui est l'Eglise, la place du ventre, à cause de la grossièreté de ses penchants. Ou bien si ce mot d'entrailles convient davantage aux personnes intérieures, on en conclura que l'intelligence des Ecritures appartient surtout à ceux qui sont les plus par faits: le coeur du Christ, c'est-à-dire ses Ecritures, qui renferment ses desseins éternels, se fond comme de la cire au milieu d'eux, dans leurs pensées; il se fond en ce sens qu'il est ouvert, pénétré, développé par la ferveur de l'esprit.