9.
Cependant, s'il est vrai que toutes les âmes ne viennent pas de celle du premier homme, mais que, créées ailleurs, Dieu les donne à mesure qu'un corps humain se forme, cette opinion peut encore s'accorder avec ces paroles; « Que l'esprit retourne à Dieu qui l'a donné. » Ces paroles n'exclueraient donc que les deux autres opinions, parce que, si une âme particulière était créée à chaque création d'homme, on ne pense pas que l'Ecriture aurait dû dire; « Que l'esprit retourne à Dieu qui l'a donné; » mais à Dieu qui l'a fait. Ce mot: « il a donné, » suppose l'existence antérieure, de ce qui pouvait se donner. On presse encore ces paroles; « Que l'esprit retourne à Dieu, » et on demanda; Comment l'esprit retournera-t-il là où il n'a jamais été? Au lieu de ces expressions : « Que« l'esprit retourne à Dieu, » il eût mieux valu dire, ajoute-t-on: Que l'esprit s'avance ou qu'il aille vers Dieu, s'il est à croire que cet esprit n'y ait jamais été auparavant. De même il ne serait pas facile d'expliquer comment les âmes se plongeraient, de leur propre volonté, dans le corps, puisqu'il est écrit en parlant de l'esprit: « Dieu l'a donné. » C'est pourquoi, je le répète, ces deux opinions souffrent de ce passage de l'Ecriture : l'une, qui veut que chaque âme soit créée dans le corps qui lui est destiné; l'autre, qui prétend que les âmes se jettent de leur propre volonté dans les corps. Mais ce texte ne repousse pas les deux autres opinions l'une, qui fait venir toutes les âmes de celle du premier homme; l'autre, par laquelle les âmes déjà créées auparavant et établies en Dieu sont données aux corps.