5.
On déteste le péché en raison de l'amour qu'on a pour la justice ; on ne devient pas capable de ce sentiment par la lettre de la loi qui épouvante, mais par la grâce de l'Esprit qui guérit. Alors se fait en nous ce que nous recommande l'Apôtre : « Je vous parle humainement à cause de l'infirmité de votre chair: de même que vous avez fait servir les membres de votre corps à l'impureté et à l'iniquité pour l'iniquité, de même faites-les servir maintenant à la justice pour votre sanctification 1. » C'est comme si l'Apôtre avait dit : De même que nulle crainte ne vous forçait à pécher, mais que vous n'y étiez entraînés que par la passion et le plaisir, que la peur du supplice ne vous excite pas à bien vivre, mais que ce soit le plaisir et l'amour de la justice, Et ceci, ce me semble, n'est pas encore la justice parfaite , mais la justice dans sa force première. Ces mots : « Je vous parle humainement à cause de la faiblesse de votre chair », laissent entendre qu'il aurait autre chose à dire si ceux à qui il s'adresse pouvaient le porter, En effet, nous devons faire pour la justice bien plus qu'on ne fait d'ordinaire pour le péché. Or, la peine qui peut en arriver au corps n'empêche pas la volonté mauvaise, elle empêche seulement que l'oeuvre du péché ne s'accomplisse, et quelqu'un qui serait sûr d'un prompt châtiment ne se déterminerait pas à commettre publiquement un acte de coupable impureté, Mais il faut aimer la justice, de façon que les peines du corps n'aient pas la puissance de nous en séparer et que même entre les mains ; d'ennemis cruels, nos oeuvres luisent devant les hommes : ceux à qui elles peuvent plaire en glorifieront notre Père qui est aux cieux 2.