6.
Voilà pourquoi saint Paul, cet ami à ferme de la justice, s'écrie : « Qui nous séparera de la charité du Christ ! Sera-ce l'affliction? la détresse? la persécution? la faim? la nudité? le péril? le glaive? comme il est écrit : « Nous sommes chaque jour livrés à la mort à cause de vous ; nous sommes regardés comme des brebis destinées à la boucherie 1. Mais au milieu de tous ces maux nous triomphons par Celui qui nous a aimés; car je suis assuré que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les puissances, ni les choses présentes, ni les choses futures, ni la violence, ni la hauteur, ni la profondeur, ni nulle autre créature ne pourra jamais nous séparer de la charité de Dieu qui est dans Notre-Seigneur Jésus-Christ 2. » Remarquez que l'Apôtre ne dit pas Qui nous séparera du Christ? Mais, voulant montrer par où nous sommes unis au Christ, il dit : « Qui nous séparera de la charité du Christ? » C'est donc par la charité que nous tenons au Christ, et non point par la crainte, de la peine. L'Apôtre rappelle ensuite ce qui parait le plus capable, mais ce qui n'a pas la force de nous séparer, et finit en appelant charité de Dieu ce qu'il avait appelé charité du Christ. Et qu'est-ce que la charité du Christ, si ce n'est l'amour de la justice? Il a été dit du Christ . « Dieu nous l'a donné pour être notre sagesse, notre justice, notre sanctification , notre rédemption, afin que, selon ce qui est écrit, celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur 3. » De même donc qu'il y a une extrême perversité à se jeter dans les oeuvres immondes d'une volupté grossière, malgré la crainte des châtiments corporels; de même il y a un amour extrême de la justice à ne pas se laisser détourner, par la menace, des supplices, des saintes oeuvres de l'éclatante charité.