6.
Si donc la vraie vertu nous plaît, disons-lui, comme dans ses saintes Ecritures : « Je vous aimerai, Seigneur, qui êtes ma vertu 1; » et si véritablement nous voulons être heureux (ce que nous ne pouvons pas ne pas vouloir), que notre coeur soit fidèle à ces paroles des mêmes Ecritures : « Heureux l'homme dont le nom du Seigneur est l'espérance, et qui n'a point abaissé ses regards sur les vanités et les folies menteuses 2 !» Or, par quelle vanité, par quelle folie, par quel mensonge un homme mortel, menant une vie misérable avec un esprit et un corps sujets au changement, chargé de tant de péchés, exposé à tant de tentations, rempli de tant de corruption, destiné à des peines si méritées, met-il en lui-même sa confiance pour être heureux, lorsque, sans le secours de Dieu, lumière des intelligences, il ne peut pas même préserver de l'erreur ce qu'il a de plus noble dans sa nature, c'est-à-dire l'esprit et la raison ! Rejetons donc les vanités et les folies menteuses des faux philosophes; car il n'y aura pas de vertu en nous si Dieu ne vient lui-même à notre aide; pas de bonheur, s'il ne nous fait pas jouir de lui et si, par le don de l'immortalité et de l'incorruptibilité, il n'absorbe tout ce qu'il y a en nous de changeant et de corruptible, et qui n'est qu'un amas de faiblesses et de misères.