9.
Pour ne pas parler de beaucoup de préceptes et s'en tenir à celui qu'a choisi l'Apôtre comme exemple : « Vous ne convoiterez pas, » la loi semble-t-elle ici commander autre chose que la répression des mauvais désirs? Partout où l'âme se porte, c'est l'amour qui l'y porte, comme un poids. C'est pourquoi il nous est ordonné d'enlever au poids de la cupidité pour accroître le poids de la charité jusqu'à l'anéantissement de l'une et à la perfection de l'autre;, car la charité est la plénitude de la loi. Et cependant voyez ce qui a été écrit touchant la continence elle-même : « Et sachant que nul ne peut être continent si Dieu ne lui en fait la grâce et qu'il y avait même de la sagesse, à reconnaître de qui on obtient ce don, je m'adressai au Seigneur et lui fis ma prière 1. » Le sage dit-il : Et sachant que nul ne peut être continent si ce n'est pas son propre libre arbitre et qu'il y avait de la sagesse à reconnaître que ce bien vient de moi-même? Tel n'a pas été son langage, qui est celui de certains orgueilleux; mais il a dit, comme il devait, dans la vérité de la sainte Ecriture : « Sachant que nul ne peut être continent si Dieu ne lui en fait la grâce. » Dieu prescrit donc la continence, et c'est lui qui la donne; il la prescrit par la foi, il la donne par la grâce; il la prescrit par la lettre, il la donne par l'Esprit; car la loi sans la grâce fait abonder le péché, et la lettre sans l'Esprit tue 2. Il prescrit, pour que, nous efforçant d'accomplir ce qui est ordonné, et fatigués du poids de notre faiblesse, nous sachions demander le secours de la grâce, et que , si nous avons pu faire quelque chose de bon, nous ne soyons point ingrats envers celui qui nous assiste. Voilà ce qu'a fait le sage; car la sagesse lui a appris à reconnaître de qui on obtient ce don.