37.
Que ces gens-là cessent donc de parler contre les Ecritures; que dans leurs discours ils excitent aux grandes choses sans condamner les moindres. Ne peuvent-ils pas exhorter à la sainte virginité sans condamner les liens du mariage, quand l'Apôtre nous enseigne que chacun reçoit de Dieu un don particulier, l'un d'une manière, l'autre d'une autre 1? Qu'ils marchent dans la voie de la perfection après avoir vendu tous leurs biens et en avoir distribué miséricordieusement le prix; mais s'ils sont véritablement pauvres du Christ, et que ce ne soit pas pour eux mais pour le Christ qu'ils amassent, pourquoi punissent-ils ceux de ses membres qui sont faibles, avant d'avoir reçu leurs sièges de juges? S'ils sont de ceux à qui le Seigneur a dit : « Vous serez assis sur douze trônes, jugeant les douze tribus d'Israël 2 ; » de ceux dont l'Apôtre dit : « Ne savez-vous pas que nous jugerons les anges 3? » qu'ils se préparent plutôt a recevoir dans les tabernacles éternels, non pas les riches coupables, mais les riches religieux dont ils seront devenus les amis, grâce à un bon emploi des richesses injustes 4. Car je crois que quelques-uns de ces discoureurs audacieux et inconsidérés sont soutenus dans leurs besoins par des riches chrétiens et pieux. L'Eglise a en quelque sorte ses soldats et en quelque sorte ses intendants 5. « Qui a jamais fait la guerre à ses dépens? » dit l'Apôtre. Elle a sa vigne et ses vignerons, elle a son troupeau et ses pasteurs. « Qui plante la vigne et « ne mange pas de son fruit? » dit le même Apôtre ? « qui paît un troupeau et ne boit pas de son lait 6 ? » Et toutefois raisonner et enseigner comme raisonnent et enseignent ces hommes-là, ce n'est pas combattre, c'est se révolter; ce n'est pas planter la vigne, c'est l'arracher; ce n'est pas rassembler le troupeau et le mener paître, c'est séparer les brebis du troupeau et les perdre.