6.
Je citai aussi le passage de l'Évangile sur lequel j'avais parlé la veille, où il est dit des faux prophètes : « Vous les reconnaîtrez par leurs fruits 1. » Je rappelai à mes auditeurs que les fruits dont il est ici question, ce sont les oeuvres; et alors je cherchai parmi quels fruits l'ivrognerie était nommée, et je lus ce passage de l'Épître aux Galates : « Il est aisé de connaître les oeuvres de la chair, qui sont la fornication, l'impureté, l'impudicité, la luxure, l'idolâtrie, les empoisonnements, les inimitiés, les dissensions, les jalousies, les colères, les divisions, les hérésies, les envies, les meurtres, les ivrogneries, les débauches et autres choses semblables : je vous annonce, comme je l'ai déjà fait, que ceux qui commettent ces crimes n'obtiendront pas le royaume de Dieu 2. » Et je demandai, puisque le Seigneur a ordonné que les chrétiens se fissent reconnaître à leurs fruits, comment on reconnaîtrait des chrétiens au fruit de l'ivrognerie. Reprenant le livre, je lus encore ce qui suit : « Les fruits de l'esprit sont la charité, la joie, la paix, la patience, l'humanité, la bonté, la douceur, la foi, la continence 3. » Je fis voir à mes auditeurs combien il était honteux et déplorable, no seulement qu'ils vécussent de ces fruits de la chair dans leurs actes particuliers, mais même qu’ils voulussent les tourner à honneur pour l’Eglise, et remplir, s'ils pouvaient, l'étendue entière de cette grande basilique d'une foule de gens mangeant et buvant; et quant à ces fruits spirituels que les divines Écritures leur demandent et auxquels nos gémissements les convient, ils ne veulent pas les apporter à Dieu comme des présents avec lesquels, surtout, on doit célébrer les fêtes des saints.