5.
Cela étant, si on admet que le Sauveur les ait délivrés tous, et qu'il ait, selon les expressions de votre lettre , « ruiné les enfers « en attendant le jugement dernier, » de nouvelles difficultés naissent, et voici celles qui s'offrent à mon esprit. Et d'abord sur quoi appuyerait-on ce sentiment? car ce qui est écrit sur la cessation des douleurs de l'enfer à la mort du Christ, peut ne s'entendre que de lui-même, c'est-à-dire qu'il les a mises à néant en ce qui le touche, d'autant plus que l'Apôtre ajoute « qu'il était impossible qu'il fût retenu dans ces douleurs. » Ou bien, si on demande pourquoi le Christ a voulu descendre dans les enfers, où étaient des douleurs qui ne pouvaient pas l'atteindre , lui que l'Ecriture proclame « libre entre les morts 1 , » lui dans lequel le prince et le préposé de la mort n'a rien trouvé de sujet au supplice; ce qui est dit « sur la cessation des douleurs de l'enfer » peut s'appliquer non pas à tous , mais à quelques-uns que le Christ jugeait dignes de cette délivrance. De sorte qu'on ne devra pas croire qu'il soit descendu inutilement aux enfers, sans profit pour aucun de ceux qui s'y trouvaient enfermés, et l'on ne devra pas conclure non plus que la faveur accordée à quelques-uns parla miséricorde et la justice divines ait été accordée à tous.
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Ps. LXXXVII, 6. ↩