6.
Ecoutez maintenant, je vous prie, et ne méprisez pas mes demandes : ainsi puisse ne pas vous mépriser celui qui a daigné être méprisé pour nous ! Je demande donc où l'âme contracte le péché par suite duquel elle tombe dans la damnation à laquelle n'échappe pas l'enfant lui-même qui meurt sans que la grâce du Christ lui vienne en aide par le baptême. Car vous n'êtes pas de ceux qui, débitant des nouveautés, s'en vont disant qu'il n'y a pas de péché originel dont l'enfant soit délivré par le baptême. Si je savais que tel fût votre sentiment ou plutôt si je ne savais pas que vous ne pensez rien de pareil, je ne m'aviserais point de vous adresser cette question. Mais nous savons que sur ce point votre sentiment est conforme à l'inébranlable foi catholique; en répondant aux vains discours de Jovinien, vous avez cité ces paroles de Job : « Personne n'est pur en votre présence, pas même l'enfant qui n'est que depuis un jour sur la terre 1; » puis vous avez ajouté : « Nous naissons coupables de quelque chose de semblable à la prévarication d'Adam. » Votre livre sur le prophète Jonas le fait voir d'une manière assez claire et assez remarquable ; vous dites que « c'est avec raison que l'on contraignît au «jeûne les enfants à cause du péché originel 2. » J'ai donc raison de m'adresser à vous pour savoir où l'âme contracte ce péché dont on n'est délivré que par le sacrement de la grâce chrétienne, même au premier âge.